La tête coupée de la rue Botzaris 

"Quoique ce fût dimanche hier, les recherches entreprises par les agents de la Sûreté pour découvrir le corps d'Elisa Vandamme et son assassin ont continué avec la même activité. Aux agents ordinaires de M. Hamard, le juge d'instruction, M. Warrain, a adjoint des agents de la Sûreté générale appartenant à la première brigade judiciaire que commande M. Palliet. Nous avons eu l'occasion, hier, de rencontrer M. Cuvillier, commissaire de police, qui noms a dit qu'il avait reçu depuis quelques jours de nombreuses lettres de dénonciation sur lesquelles les inspecteurs en quêtent sans relâche. 

 

M. Cuvillier n'est pas loin de croire que l'on ne se trouve pas en présence d'un crime de sadique, mais bien d'une vengeance de rôdeurs, hypothèse dé jà mise en avant lors de la découverte sinistre de la rue des Plâtrières.

 

On a dit, en effet, à l'époque, que l'homme dont on trouva la tête rue des Plâtrières et le corps rue du Faubourg-Saint-Denis, et dont on ne put jamais établir l'identité, n'était autre qu'un malfaiteur ayant dénoncé des complices et que des amis de ceux-ci avaient « exécuté ».

 

Il n'est pas impossible, commence t'on à déclarer, qu'Elisa Vandamme, dite « La Panthère », dont le caractère était violent et hargneux, ait à -un moment quelconque dénoncé quelques-uns des malfaiteurs qui composent la bande de Ménilmontant, connue sous le nom de « bande à Ballet » — nom de son ancien chef —et qu'elle ait été victime de la vengeance de ces redoutables malfaiteurs.

 

Une autre hypothèse a été émise depuis hier celle du suicide de l'assassin affolé par la reconnaissance immédiate de la tête de sa victime. Mais on ne saurait dire sur quelles bases repose cette supposition."

 

Journal : Le Petit journal

Auteur du texte : Parti social français

Date de Publication : 1910-03-07

Source : Bibliothèque nationale de France