6 septembre 1902 - Scalpé par des Apaches

Posted by Jeremy T on

Scalpé par des Apaches

Scalpé par des Apaches

"Les rafles faites ces temps derniers n'oint pas encore complètement purgé des Apaches les différents quartiers de Paris, dans lesquels les malfaiteurs sont en plus grand nombre.

 

Deux de ces bandits, et non des moins dangereux, nommés Pierre Noël, âgé de vingt-cinq ans, demeurant en garni, rue d'Aubervilliers, bien connu dans le monde de la basse pègre sous le sobriquet de "Poil de Brique" et Moïse Barfus, âgé de dix-huit ans, demeurant en compagnie d'une fille galante rue du Bois, à Saint-Ouen, attaquaient la nuit dernière, rue de l'Evangile, un passant, M. Lucien Brognaud, âgé de quarante-trois ans, mécanicien à la compagnie de l'Est, demeurant 35, rue Marc-Séguin, qui après avoir passé' la soirée chez des amis regagnait d'un pas hâtif son domicile.

 

Surpris par l'attaque aussi brusque qu'imprévue des deux malfaiteurs qui à son approche s'étaient dissimulés dans le renfoncement d'une porte cochère, M. Lucien Brognaud n'eut pas le temps de se mettre sur la défensive.

 

Atteint d'un violent coup de poing en pleine figure il roula à terre, aveuglé par le sang. Pendant qu'un des bandits explorait rapidement ses poches et en faisait passer le contenu dans les siennes, avec une habileté qui révélait une pratique constante de ce genre d'exercices, l'autre lui maintenait la tête à terre et cherchait au moyen d'un mouchoir à empêcher ses cris.

 

Puis comme le mécanicien qui est très vigoureux allait faire lâcher prise à son agresseur, celui-ci s'emparant d'un couteau que lui tendait son complice se mit à labourer la tête et la figure de sa victime, jusqu'au moment où celle-ci perdit connaissance. Des agents cyclistes qui avaient entendu les appels de M. Lucien Brognaud, arrivèrent à ce moment et surprirent les malfaiteurs qui interdits et croyant être seuls n'avaient pas eu le temps de prendre la fuite.

 

Sous la menace des revolvers que les deux gardiens de la paix braquaient sur eux, ils se laissèrent, sans trop de difficultés, passer le cabriolet et furent ainsi conduits au commissariat du quartier de la Chapelle. Interrogés hier matin par M. Pontaillier, ils ont été reconnus pour faire partie de la bande des Apaches de Saint-Ouen ». Ils portent. d'ailleurs tatoués sur la main gauche, entre le pouce et l'index, trois petites étoiles, signe qui permet aux membres de cette peu intéressante bande de se reconnaître entre eux."

 

Journal : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir

Date de Publication : 1902-09-06

Directeur de publication : Roujon, Jacques

Source : Bibliothèque nationale de France