Les Apaches de Saint-Ouen
La vendetta de Clignancourt. — Deux bandes rivales. — Les frères de Van Den Bush crèvent un œil à un camarade du meurtrier de leur aîné et le conduise au commissariat. — Agents attaqués et blessés.
"L'assassinat de Jules Vain den Bush par trois apaches semble être le prélude d'une série de guérillas entre deux bandes rivales de Saint-Ouen. Ce drame, dont nous avons fait le récit, a déjà été suivi de plusieurs bagarres sanglantes.
Les frères de Van den Bush sont décidés à venger la mort de leur aîné. Hier, accompagné d'un camarade nommé Rohert Schmidt, ils s'étaient mis à la recherche d'un affilié à la bande de Saint-Ouen surnommé "Guignol" qu'ils soupçonnaient de complicité dans le drame de la rue du Roi d'Alger, où Jules Van den Bush trouva la mort. La veille, "Guignol" avait tiré quatre coups de revolver sur un ouvrier ; nommé Léon Quiril, le prenant pour un ami des Van den Bush, et un indicateur de la police.
Les frères Van den Bush et Robert Schmidt se jetèrent sur « Guignol » au moment où il passait dans une petite rue de Saint-Ouen. Après l'avoir bourré de coups de poing, ils lui crevèrent l'œil droit - avec la pointe d'un stylet. Ils l'emmenèrent ainsi défiguré au commissariat de police du quartier et disparurent sans donner d'explications.
Le magistrat, M. Carpin, avait un mandat d'amener contre « Guignol » pour complicité dans le drame de la rue du Roi d'Alger et l'agression contre Léon Quiril. Comme il ne pouvait l'envoyer au Dépôt dans cet état, il l'a fait transporter à l'hôpital Lariboisière.
Dans la même soirée, un agent de police apercevant les deux autres apaches de la bande de Saint-Ouen, Ernest Guerwoort et Jules Robert, qui assistèrent au meurtre de Van den Bush, les mit en état d'arrestation. Comme il les conduisait au commissariat de police, un individu s'approcha du groupe. Guerwoort lui passa rapidement son revolver. L'inconnu fit feu sur l'agent sans l'atteindre et prit la fuite.
L'agent poursuivit sa route sans lâcher prise. Cette soirée mouvementée s'est terminée par une bagarre et une nouvelle arrestation, celle de Robert Chagnon, dit « le Pirate ».
Il passait rue Lepic solidement tenu par deux agents en bourgeois et un sous brigadier quand le groupe se trouva entouré des camarades du "Pirate". Les agents se voyant menacés mirent leur revolver au poing. Le gardien Puissant fut blessé à la main. Mais après une courte bagarre, où les apaches essayèrent vainement de dégager le prisonnier, les agents purent continuer leur route.
Le « Pirate » est allé rejoindre au Dépôt ses compagnons arrêtés en attendant que le reste de la bande prenne la même direction.
Les recherches continuent activement sous la direction de M. Carpin, commissaire de police."
Journal : La Liberté
Date de Publication : 1907-10-06
Directeur de publication : Muller, Charles.
Source : Bibliothèque nationale de France