La bande de la Villette.
"Dernièrement, M. Dulac, commissaire aux délégations judiciaires, était chargé d'instruire une affaire relative à une bande de dix à douze rôdeurs de nuit, arrêtés à la Villette. Plusieurs autres individus faisant partie de cette bande, viennent d'être arrêtés hier.
Deux d'entre eux s'étaient présentés la semaine dernière dans un garni du boulevard de la Villette et avaient pris une chambre à la nuit. Vers une heure du matin, Mme Charles, la maîtresse de l'hôtel, réveillée par le bris d'un carreau, avait aperçu ses locataires, munis d'une lanterne sourde et fouillant dans ses tiroirs.
Elle avait voulu crier au secours. Mais l'un d'eux, la saisissant par le bras, l'avait menacé de la tuer. La pauvre femme s'était tue et les voleurs s'étaient enfuis avec leur butin.
Plainte avait été portée, et hier Mme Charles était chez le commissaire de police lorsqu'on amena deux hommes pincés par la sûreté pour vol à l'étalage. Elle pâlit en les voyant.
— Ce sont mes assassins ! s'écria-t-elle. Les deux hommes protestèrent, et donnèrent leurs noms et leurs adresses. Mais noms et adresses étaient faux, et on envoya les individus à la Préfecture.
Là, M. Dulac les a interrogés, et pressés de questions, ils ont reconnu faire partie de la bande de La Villette. L'un d'eux, Mignon, dit la Clé-des-Cœurs, était même le chef de la bande.
Sur ses indications, on a arrêté dans la soirée Leboucher, Félix R..., Paul F..., dit Tartine, Emile S..., dit Carreau, et enfin une femme nommée Virginie R..., et qui a une espèce de célébrité aux boulevards extérieurs, sous le sobriquet de Boîte-à-Sardines.
Toute cette bande a été enfermée au Dépôt."
Journal : La Liberté
Date de Publication : 1880-04-05
Directeur de publication : Muller, Charles.
Source : Bibliothèque nationale de France