Ces messieurs et dames.
"Depuis le début des hostilités, « Margot de la Sablière », de son vrai nom Marguerite Misteur, âgée de dix-huit ans et modèle, s'était montrée d'une correction parfaite.
Je vous ordonne de laisser vos revolvers dans leurs étuis, dit-e le aux membres de la bande de Montparnasse dont elle était l'idole. La poudre, en ce moment, ne doit parler que sur le front.
Tout alla bien jusqu'au 27 mai, jour où ses amis recommencèrent leurs exploits. L'un d'eux, Maurice Leclerc, âgé de dix-sept ans, attaqua, le revolver à la main; un jeune homme qui passait devant la villa des Camélias, dans le 14" arrondissement, et Margot se fâcha.
Vous ne m'avez pas obéit vociféra-t-elle. Eh bien, demain, je me mets à la-tête de votre rivale, la bande de Grenelle. Et, à partir de ce moment, ce ne furent que fusillades nourries, rue de Vanves et à la porte Brancion.
Des blessés restèrent sur le carreau, mais aucun ne voulut parler. Les inspecteurs Garnier et Dusentier, du cinquième district, se mirent alors à la recherche des coupables, et, grâce aux indications de Maurice Leclerc, déjà sous les verrous, on arrêta une douzaine d'individus parmi lesquels Léon Gourny, dit "Domino", Marguerite Misteur et Lucienne Vebert, agée de dix-sept ans.
Celle-ci, qui avait pris la place de "Margot de la Sablière" dans le cœur des malfaiteurs de Montparno raconta à M. Raynaud, commissaire de police du quartier de Plaisance, que sa rivale était une voleuse.
Elle a en l'audace, déclara-t-elle, d'emporter les trois boites de cartouches que nous possédions, et, il y a deux jours, nous dûmes nous retirer, faute de munitions. Le trio, ainsi que cinq individus arrêtés en même temps, a été envoyé au Dépôt."
Journal : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Date de Publication : 1915-06-04
Source : Bibliothèque nationale de France