Les bouchers de la Villette
"Quand, après les bagarres de l'église de Belleville, on a appris que les bouchers de la Villette s'y étaient distingués, on s'est dit, avec quelque logique : « Si les bouchers de la Villette sont là, leur ancien chef et ami, M. de Sabran, ne doit pas manquer à la fête. »
Eh bien ! M. de Sabran n'était pas là. Il explique son abstention dans une lettre qu'il adresse au directeur du Soleil. Non pas que M. de Sabran blqme le moins du monde ceux qu'il appelle les « Costauds de la Villette », mais il a d'autres raisons.
M. de Sabran estime qu'il ne doit pas être plus catholique que le pape. Or, le pape, « depuis des années, s'est tenu coi, même devant les pires violations de la liberté ». Donc, M. de Sabran garde, lui aussi, le silence.
De même que dans l'ordre temporel, écrit M. de Sabran, j'ai le devoir de ne pas être plus royaliste que le roi — dont je suis le serviteur aussi dévoué qu'obéissant — de même, dans l'ordre spirituel, je ne saurais être plus catholique que le pape, dont je suis l'ouaille très soumise.
M. de Sabran attendra « l'explosion des canons de l'Eglise, pour mettre à l'unisson sa personnelle artillerie ». Jusque-là, il fera comme le pape. Il se tiendra coi.
Et voilà pourquoi les « Costauds » de la Villette, dans leur chrétienne croisade contre les impies devront se passer de M. de Sabran."
Journal : Les Nouvelles de Blida. Journal hebdomadaire...
Date de Publication : 1903-05-31
Source : Bibliothèque nationale de France