La bande de la Villette.

"Hier se sont terminés, à neuf heures et demie du soir, après une délibération du jury qui a duré plus de huit heures, les débats de l'affaire de vols qualifiés qui se sont déroulés devant la cour d'assises de la Seine depuis le 16 juillet et que nous avons annoncés à leurs débuts.

 

Un seul épisode à signaler dans cette interminable série de vols, qui a donné lieu à quinze cents questions soumises au jury.

 

Un fabricant de caoutchouc de Pantin, M. Cassassa, avait remarqué une tentative de crochetage dirigée contre ses bureaux. Par une heureuse coïncidence, son fils, qui appartient au corps de l'artillerie, venait de débarquer du Tohkin. M. Cassassa le pria de coucher dans le local menacé. Deux ou trois nuits plus tard, la porte s'ouvrait doucement. Des hommes entraient à tâtons. L'artilleur perçoit des frottements sur le parquet. Il saute à terre, son revolver à la main.

 

A ce moment, un des envahisseurs fait craquer une allumette-bougie. M. Cassassa fils tire dans la direction de la flamme. Un cri de douleur lui répond. Au feu de la détonation, il a distingué trois silhouettes. Il envoie encore quelques projectiles, au hasard. Puis il court avertir son père. Tous deux reviennent, munis de flambeaux. Des traces de sang guident leurs recherches. Ces traces s'étendent jusqu'au dehors.

 

Le blesse, Henri Canton dit Tétard, était reçu le lendemain dans un hôpital: une balle lui avait troué la joue.

On lui a octroyé hier quinze ans de travaux forcés.

 

Il y a eu quatre acquittements, prononcés en faveur des nommés Blanchot, Soran, Janzac, Surèle et des femmes Bussie et Couder. Les autres accusés ont été condamnés à des peines variant entre vingt ans de travaux forcés et trois ans de prison.

 

Une interdiction de séjour de vingt ans est en outre prononcée contre les condamnés, à l'exception de la fille Strauss."

 

 

Journal : Le Temps

Date de Publication : 1886-07-30

Directeur de publication : Nefftzer, Auguste

Source : Bibliothèque nationale de France