LA BANDE DE LA GOUTTE-D'OR

"Ils étaient une quinzaine environ, disciplinés, obéissant à un chef élu. Celui-ci donnait des ordres que la bande exécutait sans hésitation. Puis, on se partageait le butin et le chef se faisait la part du lion.

Cette association de malfaiteurs avait un titre : « la bande de la Goutte-d'Or ». Elle était fort connue et redoutée à Montmartre dans le monde des marchands de vin et des petits boutiquiers, qui étaient mis en coupe réglée.

Les plaintes affluaient au commissariat de la rue Marcadet et les meilleurs agents, depuis de longs jours, étaient sur les dents.

Un hasard heureux a fait prendre un des affiliés. Par lui, on a connu les complices, et, hier soir, le cabinet du magistrat était envahi par les malfaiteurs. On a eu des aveux complets.

Ils avaient loué, rue de Belleville; un vaste hangar qui leur servait de domicile et d'entrepôt pour loger les marchandises volées. Ce hangar, quand les agents y ont pénétré, était rempli d'objets de toute sorte et surtout de provisions de bouche et de vin. Les bouteilles provenaient des caves dévalisées.

Une femme, Marie Lyon, dite « la Lionne », servait de cuisinière à la bande, et tous les repas qu'elle leur servait étaient arrosés de Champagne, leur boisson ordinaire. Au dessert, les convives chantaient des romances et le vin pétillant était bu à la santé du malheureux propriétaire.

La police a mis un-terme à ces joyeuses agapes."

 

Journal : Gil Blas / dir. A. Dumont

Directeur de publication : Gugenheim, Eugène (1857-1921). 

Date : 30 avril 1897

Source : Bibliothèque nationale de France