26 juillet 1906 - Les Apaches de Ménilmontant

Posted by Jeremy T on

Les Apaches de Ménilmontant

Les Apaches de Ménilmontant


"Au mois de juillet 1905, M. Jules Erinion, âgé de cinquante et un ans, concierge d'un immeuble situé rue des Amandiers, 84, eut des démêlés avec des « Apaches » du quartier, qu'il avait dû, à diverses reprises faire renvoyer de la maison par des gardien de la paix. Il faillit â l'époque être tué par ses adversaires, puis on le laissa tranquille près d'une année.

Depuis quelque temps, leurs persécutions recommencèrent.

La sonnette retentissait à toute heure de la nuit, des énergumènes pénétraient dans l'immeuble, brisaient des vitres, dégradaient les murs et déposaient des ordures. Le concierge se levait et parvenait non sans peine à expulser les assaillants. Ces jours derniers, il ne se cacha pas pour dire qu'il en avait assez supporté et qu'il allait se défendre à l'aide d'armes à feu.

Mardi, vers dix heures du soir, M. Erinion se disposait à fermer la porte d'entrée ; déjà le gaz était éteint. Soudain, plusieurs individus franchirent le seuil et pénétrèrent sous le porche. Saisissant alors son revolver, le concierge tira en l'air, puis, comme ses agresseurs, après s'être éloignés, revenaient à la charge, il fit feu dans leur direction.

Le projectile n'atteignit malheureusement pas les malfaiteurs : ce fut un marchand de poissons, M. Eugène Boulenois, vingt ans, rue des Amandiers, 80, qui sortait de son domicile, et reçut la balle dans le ventre.

Des gardiens de la paix, accourus au bruit des détonations, transportèrent en hâte le blessé à l'hôpital Tenon où il fut admis salle Nélaton. Son état est très grave et le malheureux devra subir l'opération de la laparotomie. Les « Apaches » n'ont pu être retrouvés.

Le concierge a fourni pour sa défense des explications assez valables, mais comme il a blessé un inoffensif passant, M. Deslandes, commissaire de police, l'a envoyé au Dépôt, à la disposition du juge d'instruction."

 

Titre : Le Journal

Directeur de publication : Xau, Fernand (1852-1899). 

Source : Bibliothèque nationale de France