UN DRAME AU CABARET
Cinq ans de réclusion pour quatre victimes
"Lucien et Maurice Vande, Barbier et Tonnelier buvaient, le 8 septembre dernier, un gentil vin blanc en jouant à la manille au café du Lion d'Or, à Lizy-sur-Ourcq. Il était onze heures du soir, tout était calme.
Quatre nouveaux buveurs s'installèrent au comptoir. Ils avaient fait une tournée chez les marchands de vin des environs.
Comme la soif vient en buvant, ils vidaient les verres avec ardeur. L'un d'eux, Noël Longeot, un apache de Saint-Ouen, agressif et brutal, s'avança vers Tonnelier qui s'aide de béquilles pour marcher, et, l'empêchant de surcouper un manillon, il lui déclara :
— Tu vas dire que j'ai un grand nez.
— Oui, répondit l'infirme, voua avez un grand nez.
Longeot, fut, en effet, bien pourvu par dame nature, et son appendice nasal est remarquable. Là-dessus, une discussion éclata, car le questionneur se jugea offensé.
Une légère bagarre suivit et Lucien Vande prit Longeot par les épaules et le mit dehors.
Tirant son couteau de sa poche, Longeot agrippa Barbier d'une main et tenta de le tuer. Il lui porta un violent coup de couteau à l'aisselle droite. Maurice Vande voulut secourir son partenaire, et, armé de la béquille de Tonnelier, il asséna des coups sérieux sur le criminel. Longeot s'en vengea en donnant trois coups de couteau, à Vande. Le frère de celui-ci voulut le relever, il reçut deux coups de couteau.
Le garde champêtre Maniquet, poursuivant le criminel, fut blessé à la main. Les gendarmes arrêtèrent le forcené. Maurice Vande mourut des suites de ses blessures.
Noël Longeot, âgé de 25 ans, qui a déjà fait en 1907 un an de prison pour avoir envoyé à M. Amorel un coup de revolver à bout portant, a été condamné par la cour d'assises de Seine-et-Marne à cinq ans de réclusion."
Extrait : Le Journal
Date de Publication : 1913-02-15
Directeur de publication : Xau, Fernand (1852-1899).
Source : Bibliothèque nationale de France