CHEZ LES APACHES

Une vieille haine de "Minas". — En sortant de prison. — Pour tuer « Casque d'Or II ».

On se souvient qu'au mois d'août dernier une terrible bataille eut lieu, rue Française, aux Halles, entre les bandes rivales des Apaches de Montparnasse et du Sébasto, au cours de laquelle François Zucarelli, dit le "Bicot de Montparno", trouva la mort.

 

La police se mit à la recherche des assassins du Bicot et arrêta une bande d'individus, repris de justice dangereux, parmi lesquels le « Jockey » et Leclerc, dit "Faucher", dit "Minas", anciens amis de Manda et de Casque d'Or, et qui avaient été mêlés précédemment à plusieurs affaires de meurtres.

 

La participation directe du Jockey fut écartée, quant à Minas, il « ramassa » six mois de prison et cinq ans d'interdiction de séjour.

 

Leclerc, convaincu d'avoir été vendu par sa maîtresse, qui s'était parée du surnom de « Casque d'Or II », jura de se venger et de « brûler » l'infidèle, ainsi qu'il en fit avec son sang, sur les murs de sa cellule de Fresnes, le serment écrit.

 

Jeudi matin, c'est-à-dire avant-hier, Minas sortit de prison. Poursuivi par son idée de vengeance, son premier soin fut de se rendre aux Halles pour revoir les poteaux et gagner quelques sous dans le but de s'acheter un « pétard » (revolver).

Il alla ensuite à Saint-Ouen, où, chez un bric-à-brac, il fit empiette d'un revolver chargé de six balles. Alors, accompagné de trois amis, il se mit à la recherche de « Casque d'Or II ».

 

Hier matin, alors que, vers dix heures, il passait sur le quai Henri-IV. Minas aperçut la jeune femme. Il courut vers elle et sortit son revolver de sa poche. Mais, au moment où il allait presser la détente, deux mains s'abattaient sur ses épaules. Minas voulut faire usage de son arme et proféra des menaces de mort mais un canon de revolver se posa sur sa tempe.

— Trop tard! Je suis « bon », s'écria-t-il en jetant son « pétard ». Vous pouvez m'emmener.

Et les deux inspecteurs Leroy et Cousseau, du service de la Sûreté, qui venaient d'empêcher le meurtre de Casque d'Or Il de se produire, conduisirent Minas au commissariat de police du quartier de l'Arsenal.

Devant M. Bordes, Leclerc furieux d'avoir manqué son coup, jura sur la tête de sa mère de « décoller » Casque d'Or II à sa sortie de prison :

— Si je vais aux « durs » (travaux forcés), j'm'évaderai, mais j'aurai sa peau. D'ailleurs, patience, j'ai des amis qui m'épargneront cet besogne.

Minas est retourné au Dépôt."

 

Titre : Le Journal

Date de Publication : 1903-11-14

Directeur de publication : Xau, Fernan

Source : Bibliothèque nationale de France