13 décembre 1906 - Les voleurs de fourrures

Posted by Jeremy T on

La bande des fourrures

Les voleurs de fourrures

"Les agents de la Sûreté ont arrêta onze malfaiteurs qui s'étaient spécialisés dans le vol des fourrures.

Rue de Clignancourt, se trouve, au fond d'une cour, une boutique tenue par M. James Brunswick, âgé de trente-huit ans, surnommé "l'Anglais" et se disant interprète.

 

Depuis quelque temps, l'attention de la police avait été éveillée par les nombreuses allées et venues qui avaient lieu, chaque jour, dans la boutique de M. Brunswick. Des agents de la Sûreté furent mis en faction aux alentours, et ceux-ci remarquèrent, parmi les visiteurs, un couple justement connu du service de la Sûreté: Paul Lacoste, dit "le Séminariste", âgé de trente-deux ans, demeurant rue de Bruxelles, et sa maitresse, Marthe Rocher, vingt-six ans, modiste.

 

Les agents de la Sûreté épièrent le manège des visiteurs. Ils constatèrent de la sorte que ceux-ci se rendaient chez de grands fourreurs, ou chez de gros commerçants. Ils étaient divisés en deux bandes : les uns, plutôt richement vêtus, qui arrivaient en voiture de cercle ; les autres, plus modestement habillés.

 

Les premiers se faisaient montrer les fourrures les plus chères, zibeline, renard bleu, etc. Lorsqu'un, lot assez important de boas, d'étoles, de manchons, de pelisses, se trouvait sur le comptoir, le second couple se présentait et demandait à voir des fourrures meilleur marché.

 

Ce second couple était généralement formé par un nommé Lacroix, âgé de vingt-sept ans, soi-disant instituteur, et sa maitresse, Jeanne Lambert, vingt-cinq ans.

 

L'intervention de ce second couple consistait à affoler littéralement les employés.

Pendant ce temps, le premier couple disparaissait, emportant quelque objet.

 

Bien que ce ménage ne durât que depuis deux mois, ces habiles escrocs avaient réussi à voler pour près de 200,000 francs de fourrures.

Le rôle de Brunswick consistait à recéler lies marchandises volées, qu'il expédiait ensuite à des marchands de fourrures, en province et à l'étranger.

 

Une fois bien convaincu des agissements répréhensibles de cette bande, le service de la Sûreté a sévi sans tarder et, hier matin, des agents arrêtaient un certain David Abraham, vingt-six ans, surnomme « le Notaire », et se disant imprésario. Ce dernier était domicilié rue Victor-Massé. Il était chargé du contentieux des filous. Sa maîtresse, Louise Delage, vingt ans, a également été arrêtée. Un lutteur, Louis Lavalle, vingt-huit ans, dit « le Tombeur bordelais », demeurant rue Ternaux, a été aussi arrêté, ainsi que sa maîtresse, Catherine Duclère, vingt-cinq ans, surnommée "la Passionnée". Une ancienne institutrice, Alice Delaigre, quarante-deux ans, connue sous le sobriquet de « la grosse Alice », a été de même appréhendée.

Enfin, un garçon marchand de vins, Emile Vincent, vingt-huit ans, demeurant rue Belhomme, qui achetait également les marchandises volées et les expédiait au dehors, a suivi tous ceux-là au Dépôt. Tous sont d'ailleurs des repris de justice.

 

Au cours de ses perquisitions, M. Hamard la retrouvé pour 60,000 francs de fourrures.

 

Cent soixante-treize plaintes, dont une émanant de la Chambre syndicale des fourreurs, sont déposées contre cette bande de voleurs à l'esbrouffe."

 

Journal : Le Radical

Date de Publication : 1906-12-13

Rédacteur : Maret, Henry (1837-1917). 

Source : Bibliothèque nationale de France