Les apaches de Saint-Ouen prennent les passants pour cible

UN MORT UN BLESSE

"La terreur règne à Saint-Ouen. La poudre y parle chaque nuit, et lorsque les apaches ne se fusillent pas entre bandes rivales, lorsqu'ils n'assomment pas quelque passant attardé, ils s'exercent au tir au revolver dans des conditions de férocité particulièrement odieuses.

 

C'est ainsi qu'hier, à une heure du matin, deux ouvriers, qui regagnaient leur domicile après avoir passé quelques heures à la fête de la place de la Mairie, ont été pris pour cibles par des rôdeurs qui, sans aucun motif, par pur dilettantisme, si l'on ose dire, ont ouvert le feu sur eux. Il y a un mort et un blessé.

 

M. Eugène Malécot, trente-trois ans, comptable, 48, rue de Buzenval, et son camarade, Henri Vermesch, vingt-cinq ans, poseur de tombes, 7, passage de l'Avenir, à Saint-Ouen, s'étaient engagés dans la rue Mathieu, voisine des fortifications, quand un feu de salve éclata tout à coup.

 

Les balles passèrent en sifflant près d'eux. Puis de nouvelles détonations retentirent sur leurs talons, balayant toute la rue. Vingt projectiles furent tirés.

 

Lorsque les agents cyclistes arrivèrent, ils relevèrent un cadavre, celui de Malécot, atteint par quatre balles. Quant à Vermesch, grièvement blessé au ventre, il n'a pu fournir aucun renseignement utile à la police. Il a été transporté à l'hôpital Bichat. L'inspecteur de la Sûreté Curnier, MM. Michel, secrétaire, et Giroux, inspecteur du commissariat de Saint-Ouen, ont, recueilli certains indices qui permettent de supposer une arrestation prochaine des coupables présumés."

 

Journal : Le Matin 

Publication date : 1913-08-11

Directeur de publication : Edwards, Alfred (1856-1914). 

 

Source : Bibliothèque nationale de France