C’est extrêmement dur de faire un article sur la drogue. Sujet tourné et retourné dans tous les sens par à peu près tous les magazines et journaux qui existent, la drogue est le sujet aussi facile que difficile par excellence. Facile car chiffres comme témoignages sont sacrements attractifs pour le lecteur voyeur, le lecteur malsainement curieux. C’est d’ailleurs sûrement pour ça que tu es là aussi, mais ne t’inquiètes pas, je suis comme toi et je vais faire en sorte que cet article t’apprenne quelque chose ! Sujet difficile car prendre un point de vue que personne n’a jamais pris est presque impossible. Aujourd’hui, on a décidé d’étudier le phénomène Drogue en comparant la période des gangs de Paris avec la notre et, au lieu d’étudier les faits et les conséquences, on va regarder d’un peu plus près les causes.
Problématique : Pourquoi les gens se droguent, bordel de merde ?
La période des gangs, qui équivaut, si tu lui écartes un peu plus les jambes, à la Belle Epoque : 1870-1915, est une période charnière pour la drogue. Naissance de l’impressionnisme et toute sorte d’autres mouvements artistiques qui apparaissent en aussi grand nombre que les partis politiques vomitifs d’aujourd’hui : Cubisme, Parnasse, Symbolisme… Ca pullule. C’est dans cette ambiance que la drogue se popularise et se propage partout. Oui, faire un parallèle entre les artistes et la drogue peut paraître parfois simpliste, mais crois moi, ce parallèle existe pourtant bel et bien ! Baudelaire qui fumait de l’opium comme tu pourrais fumer tes clopes le matin, Coca Cola (Oui, oui, la substance de couleur extrêmement naturel que tu coupes avec ton whisky le jeudi soir), et bah il a fallu attendre 1903 pour que ce ne soit plus assaisonnée à la coke mais à la caféine. (Et si on rentre dans les détails, Coca-Cola a subit un contrôle surprise en 1929, et y avait encore des traces de coke, donc bon…). Freud même ! Freud le grand ! Freud l’homme de leçons, qui a étudié en profondeur l’enfance et l’adolescence, avait quand même confirmé l’idée que la coke serait un bon remède pour se sevrer de l’héroïne. Comme quoi, il a fait au moins une connerie. (Peut-être que nier l’existence de la plupart des viol incestueux pour ne pas faire de vagues et, en vitrine, faire des grandes thèses sur l’éducation, en était une aussi. Je sais pas, je jette le sujet sur la table, comme ça, à vous de voir ce que vous en faites.)
Ce serait pas trop con de distinguer deux types de drogués sur cette période. Ceux pour qui la drogue était un moyen d’être en marge des codes de la société, un moyen de se sentir libre, créatif, un moyen de se sentir vivant. Et ceux qui suivaient juste le mouvement, se droguant uniquement pour “ressembler aux artistes”, ou pour “s’échapper, hors de l’horreur de la vie, parce que tu sais pas toi, mais la vie est une pute, et il y a que l’héro qui peut me faire oublier que seule la prostitution pourrait payer mon loyer et la bouffe de mes gosses...“. Il faut bien que tu comprennes un truc : Plus le temps passe, plus les souvenirs disparaissent et ne se raccrochent qu’aux personnes les plus influentes de l’époque. Oui, les artistes se droguaient, mais il y avait également une grande foule de gens insignifiants, de camés anonymes, qui s’achetaient un “coté maudits“ pour une poignée de grammes de coke, d’héro ou de haschisch. Formule pack intégral, buffet à volonté. Saleté de touristes !
Mais qu’est ce qui a changé aujourd’hui ? Pourquoi a-t-on l’impression que les gens se droguent plus? Pourquoi les jeunes se tirent des lignes de coke par mètre, pour un prix exorbitant, avant d’aller en boite ? Pourquoi des types se piquent dans les bras, à un rythme qui ferait rougir le moustique le plus balèze d’Afrique profonde ? On est quand même dans une époque où le gouvernement ouvre des salles de shoot en plein Paname ! (L’ambiance est d’ailleurs plutôt cosy, ils offrent même du café parfois). Et bien finalement rien n’a changé en 200 ans. Il reste une infime frange de la population, en voie de disparition, "d’artistes maudits“ qui se droguent pour survivre, mais la plupart des gens se droguent car ils mélangent tout, comme les gens insignifiants du XIXème siècle. Ils se font bercer comme des nourrissons par une société de consommation néfaste qui leur fait oublier tout raisonnement par eux même, en les foutant au centre d’un truc qu’ils ne maitrisent absolument pas, mais dans lequel ils ont des centaines de droits.
La drogue est un millier de fois plus banalisée qu’il y a 200 ans, et ce, malgré la présence de coke dans les sodas que tu filais à tes gosses. Aujourd’hui, la drogue est devenue une étape dans la vie, un truc usuel, un invité de soirée au même titre que l’alcool. Mais le seul petit bémol avec cet invité, c’est que tu es sûr qu’il viendra à la prochaine soirée. Et même à la suivante. Tu vas devenir le putain de piaf dans Happy Feet qui a la gueule coincée dans un morceau de plastique.
“S’il existait un gouvernement qui eût intérêt à corrompre ses gouvernés, il n’aurait qu’à encourager l’usage du hachisch“. Baudelaire
Voilà l’objectif de cet énième article sur la drogue. Te faire comprendre ce qui n’a pas changé en 200 ans, que légaliser la drogue est un pas de plus dans la débâcle de notre société de consommation.
Théophile Gautier, Baudelaire, Delacroix, Tous ces drogués, tous ces membre du Club des Haschischins ne se défonçaient pas pour s’amuser mais pour créer, pour laisser passer un léger filet de vie entre les griffes tenaces de l’Angoisse. C’étaient des Artistes Maudits.
Un autre phénomène assez nouveau aujourd’hui : les gens vantent une forme de spleen ultra récent. “Je prends de la coke parce que ca fait rockeur, ca me fait penser aux années 60“, “Je suis un gosse de Woodstock“, “Moi aussi, je suis un poète maudit“. Non, tu n’es pas un poète maudit, ni un rockeur. Tu n’es rien.
La palme du demeuré restera pour celui qui se drogue pour s’amuser et passer une bonne soirée. Celui là n’a définitivement rien compris.