Il y a quelques semaines, j'ai pu me rendre en Guyane, sur les Îles du Salut, pour visiter les bagnes. Voici un retour en photos et vidéos sur ce moment hors du temps...
]]>La Guyane a été choisie comme lieu d'établissement des bagnes coloniaux en raison de son isolement et de son climat tropical difficile. Les prisonniers étaient transportés en bateau depuis la métropole jusqu'en Guyane, où ils étaient soumis à des conditions de vie très difficiles et souvent inhumaines.
Les prisonniers travaillaient dans des conditions très dures dans des mines d'or et de diamants ou des plantations de canne à sucre. Les conditions de vie étaient très précaires, avec des maladies tropicales et des épidémies qui ravageaient régulièrement les prisonniers.
Le bagne de Guyane a été fermé en 1953, après plus de 100 ans d'existence.
Il y a quelques semaines, j'ai pu me rendre en Guyane, sur les Îles du Salut, pour visiter les bagnes. Voici un retour en photos et vidéos sur ce moment hors du temps...
En raison des forts courants, l'accès à l'île du Diable, située au nord, est strictement interdit. Seules les îles Royale et Saint-Joseph sont accessibles.
Les cimetières
Le Quartier des surveillants
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Décidément les Apaches ont le vent en poupe! Après l'expérience immersive et la sortie du livre “Les Apaches de Paris”, c'est maintenant l'heure du film, "Apaches"!
]]>Décidément les Apaches ont le vent en poupe! Après l'expérience immersive et la sortie du livre “Les Apaches de Paris”, c'est maintenant l'heure du film!
Le film “Apaches” de Romain Quirot sort mercredi 29 mars au cinéma !
Le synopsis :
1900. De Montmartre à Belleville, Paris est aux mains de gangs ultra violents qui font régner la terreur sur la capitale : les Apaches. Prête à tout pour venger la mort de son frère, une jeune femme intègre un gang. Mais plus elle se rapproche de l’homme qu’elle veut éliminer, plus elle est fascinée par ce dernier.
Les acteurs principaux du film : Alice Isaaz, Niels Schneider, Rod Paradot, Artus
La bande annonce :
Mon avis sur le film Apaches :
C'est un film très moderne mais qui reprend très bien les codes des Apaches. Le rythme super dynamique, l'ambiance du Paris 1900 et les personnages attachants rendent le film très agréable!
L'épopée de Billie, interprétée par Alice Isaaz, est une belle manière de rentrer dans l'univers Apaches et de découvrir l'intérieur d'un gang.
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Ce livre est un condensé de toutes mes recherches, toutes mes lectures depuis plus de 7 ans, autant dire qu’il est bien complet!
L’idée était de balayer de long en large l’univers des Apaches Parisiens et de rendre accessible pleins d’informations et d’anecdotes inédites !
Tu peux retrouver le livre Les Apaches de Paris dans toutes les librairies ou le commander en ligne :
Au début du 20ème siècle, le port d'armes est toléré.
Et les Apaches ne vont pas se priver pour s’armer comme il faut...
]]>Et les Apaches ne vont pas se priver pour s’armer comme il faut.
Il y a d’abord, le Revolver Apache, une arme 3 en 1 qui associe au révolver un coup-de-poing américain et un couteau à double tranchant.
Cette invention du Belge Louis Dolne date de 1860.
Pour éviter les tirs accidentels, on remplissait à moitié le barillet.
Pour ce qui est des couteaux, le plus répandu était le surin, appelé par la justice “couteau à cran d’arrêt”.
Il est facile à dissimuler, puisqu’il se ferme et se glisse dans la poche.
L’Apache sortait rarement sans.
Les coups-de-poing étaient très à la mode à l’époque, et très utile lors des bagarres.
Cette arme se composait d'un ensemble d’anneaux en fer dans lesquels on passait les doigts.
Ces anneaux furent ensuite munis de pointes d'acier.
Pour couronner le tout, on y ajouta une lame à l’intérieur.
Les Apaches utilisaient aussi ce qu’on appelle des casse-tête.
Ces derniers pouvaient être très perfectionnés.
Cela prenait la forme une canne flexible attaché à chaque extrémité à une boule de plomb, le tout recouvert d'une peau souple, noircie et vernie.
Le but étant de faire mal à son adversaire.
Très inventif, les Apaches ont détourné l’usage de la ceinture pour en faire une arme redoutable et bien dissimulée.
Fabriqué à partir de chaine de suspension ou de caoutchouc. On y ajoutait une balle de plomb à l’extrémité, histoire de taper fort.
Ce type de ceinture a notamment servi à une prostituée du Boulevard Clichy, pour expédier à l’hôpital une rivale qui regardait de trop près son ami.
Débrouillards, les Apaches se fabriquaient souvent eux-mêmes leurs armes.
Comme par exemple :
Les Apaches ne vont pas déroger à la tendance des tatouages.
Ex-ouvrier, ex-soldat ou bien ex-bagnard, ils vont s’approprier leurs tatouages et les ramener dans les quartiers de la capitale.
]]>Les marins, les soldats de l’armée coloniale sont presque tous tatoués.
Et bon nombre d’ouvriers se font inscrire sur le corps les emblèmes de leur profession.
Les Apaches ne vont pas déroger à la règle.
Ex-ouvrier, ex-soldat ou bien ex-bagnard, ils vont s’approprier leurs tatouages et les ramener dans les quartiers de la capitale.
À l’époque, il est très rare de rencontrer des tatouages dans les classes les plus instruites de la population.
Ils sont généralement réservés aux classes pauvres et aux criminels.
Ces derniers ont été tatoués la première fois en prison.
Ceux qui en sont couverts y sont restés longtemps ou plusieurs fois.
Les tatouages rappellent des moments marquants de la vie du tatoué.
Leur histoire avec le tatouage commence presque tous à l’adolescence, prisonniers dans une maison de corrections.
Ils inscrivent cette première étape sur l’avant bras droit avec l’inscription “Enfant du malheur”.
D’autres suivront, retraçant année après année leur destin.
A la première femme aimée, à la mère disparue, ils dédient un tatouage.
C’est souvent leurs initiales ou leurs prénoms qu’ils se font graver sur la peau.
Ils y ajoutent les trois lettres PLV qui signifie Pour La Vie.
Chaque évènement marquant viendra s’inscrire sur le corps à côté des cicatrices, qui elles, rappellent les accidents, les bagarres, et les punitions.
L’entrée au service militaire ouvre un nouveau chapitre dans le récit du voyou.
Les tatoués inscrivent leur numéro de tirage au sort ou leur arme favorite.
Ils exprimeront aussi leurs convictions : mépris de la société, haine des gouvernants et des bourgeois.
La plupart des tatouages se font sur les bras, mais aussi sur le ventre et la poitrine.
On retrouve des coeurs percés, des poignards, des fleurs, des serpents, des tigres, des chiens ou encore des pigeons messager portant une lettre.
Les emblèmes amoureux et érotiques sont représentés par des bustes de femmes nues.
On peut voir des bergères, des cantinières, des danseuses de corde.
On a aussi des inscriptions directement destinées à la gent féminine comme “Venez mesdames” ou “Robinet d’Amour”.
À cette époque, les tatouages préférés des Apaches sont :
⁃ les Cinq points en croix, tatoués sur la main gauche
⁃ et le grain de beauté dessiné sous l’œil
Ils affectionnent aussi les phrases chocs comme Né sous une mauvaise étoile ou Mort aux Vaches (Vache = Flic)
Il y avait dans les prisons des individus qui, pour gagner de l’argent ou pour se distraire, tatouaient leurs camarades.
“Ça tue le temps, j’aime dessiner et, à défaut de papier, j’emploie la peau de mes compagnons.”
Les Apaches se faisaient aussi tatouer chez les marchands de vin, dans des ateliers ouvriers ou chez la mère de leurs camarades.
Les tatoueurs les plus célèbres et les plus professionnels de l’époque se nomment :
Ils travaillent avec de l’encre de Chine, ou une mixture de charbon et d’huile.
En plus d’être un signe de reconnaissance et d’appartenance, le tatouage devient un journal personnel marqué à fleur de peau.
]]>“Le tatouage, c’est l’autobiographie de ceux qui ne savent pas écrire.” Philippe Artières
Les femmes apaches ont une liberté de choix et de circulation qui dénote par rapport à la sage bourgeoisie.
Elles vont et viennent dans les quartiers et les bistrots, et changent d’homme s’ils ne font pas l’affaire.
Parmi elles, il y a des prostitués, mais aussi des voleuses, des guetteuses avisées, et d’habiles messagères.
]]>En 1906, les femmes travaillent et forment 37 % de la population active.
La majorité des jeunes parisiennes travaillent à l’atelier. En tant que couturières, fleuristes, blanchisseuses, ou encore cigarières.
Elles gagnent en moyenne 2 francs 25 pour 10 heures de travail.
Les inégalités de salaire entre hommes et femmes sont énormes, et le régime patrimonial impose que le salaire de la femme soit géré par le mari.
Cette situation est très compliquée dans les familles ouvrières lorsque le mari dépense tout l’argent gagné par sa femme dans les jeux ou au bar.
En 1907, les femmes mariées obtiennent le droit de disposer librement de leur salaire.
Les jeunes filles pauvres, souvent venus de province, mène une vie libre de tout contrôle parental.
La plupart du temps, leur salaire d’atelier ne suffit pas à payer toutes les charges.
En plus, elles font face à toutes les tentations parisiennes, auxquelles elles ne peuvent résister.
Les bals sont à l'origine de la chute de beaucoup de jeunes filles.
C’est dans ces endroits qu’elles font des mauvaises rencontres.
Avec de jeune souteneur ou des femmes expérimentées, qui leur font gouter à la fête et à la vie facile.
Rapidement, elle s’abandonne et tombe dans la prostitution.
Les femmes apaches ont une liberté de choix et de circulation qui dénote par rapport à la sage bourgeoisie.
Elles vont et viennent dans les quartiers et les bistrots, et changent d’homme s’ils ne font pas l’affaire.
Parmi elles, il y a des prostitués, mais aussi des voleuses, des guetteuses avisées, et d’habiles messagères.
Les voleuses sont en grand nombre.
Elles opèrent dans les grands magasins.
Il leur est facile de faire disparaître toute sorte d’objet dans leurs grandes robes.
En 1900, la moitié des vols commis dans le quartier de Saint-Merri le sont au Bazar de l’Hôtel de Ville.
Les inspecteurs du magasin prennent sur le fait des femmes, souvent jeunes, et étrangères au quartier.
Les femmes Apaches savent se battre et à l’occasion, elles manient le couteau.
Elles confectionnent leurs propres armes, comme ces sacs avec de la peau d'anguille bourrée de plomb ou de sable.
Elles se font appeler les Amazones, les Apaches en Jupons ou les rôdeuses de barrière.
Elles portent une jupe à carreaux ou un tablier rouge, un collier de velours, des sabots appelés claquettes et un haut chignon.
Elles déploient de superbes chevelures sans jamais porter de chapeau.
Les filles Apaches rejoignent une bande masculine par l’intermédiaire de leur amant, ou forment leur propre bande , souvent après un passage dans la Prison de Saint-Lazare où elles se rencontrent.
Moins soumises qu’on ne pourrait le penser, les filles apaches savent répondre à la violence de leurs conjoints, lorsqu’ils dépassent les bornes.
Attitude qui perturbe les bourgeois, pas habitués à ce phénomène de féminisme naissant.
Par exemple, Suzanne Moulin, dit Casque d’Ébène, voleuse de bicyclette, n’hésite pas à faire usage d’une arme contre un amant insistant qui l’importune.
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Les surnoms des Apaches sont souvent donnés par leurs camarades de bande, selon les aptitudes physiques ou morales de chacun.
Fiers de leur surnom, certains Apaches s’amusaient à le crayonner au charbon sur les murs de leur quartier ou de leurs bars préférés.
]]>Fiers de leur surnom, certains Apaches s’amusaient à le crayonner au charbon sur les murs de leur quartier ou de leurs bars préférés.
Faisons le tour des surnoms Apache par catégorie.
On a tout d’abord les surnoms liés au physique de l’individu :
Ou plus agréable : Joli-Blond
La seconde catégorie est celle des surnoms liés aux talents.
Chaque apache avait sa personnalité, son talent propre, et ses camarades n’oubliaient pas de le lui rappeler.
Avec des surnoms liés à leur talent amoureux comme La Clé-des-Cœurs.
Ou à leur talent physique comme Casse-Museau, L’Acrobate ou Tête en bois.
D’autres avaient des surnoms un peu moins glorieux comme :
Comme à notre époque, les voyous de Paname s’appelaient par des surnoms tout mignon, souvent diminutif de leur prénom :
Le surnom pouvait aussi faire référence au quartier, comme Sacha de la Glacière, Théo du Montparno, La Poste de Belleville, Bibi de la Courtille ou encore Le Prince de la Villette.
La cinquième catégorie est celle des surnoms liés à l’origine.
On retrouve des sobriquets comme :
Les Apaches avaient un goût prononcé pour les surnoms liés aux animaux.
Il n’est pas rare de croiser des surnoms comme :
Il n’y avait pas que les hommes qui avaient droit à leurs surnoms, les femmes aussi se faisaient appeler par des blazes plus ou moins glorieux :
Et bien sûr, la célèbre Casque d’Or
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Les Apaches se distinguent surtout des bourgeois et des ouvriers par leur tenue vestimentaire.
Ils vont mixés les deux styles pour créer le leur.
Le jeune apache prend soin de son look.
]]>Les Apaches se distinguent surtout des bourgeois et des ouvriers par leur tenue vestimentaire.
Ils vont mixés les deux styles pour créer le leur.
Le jeune apache prend soin de son look.
Il aime être bien sapé mais sans paraitre bourgeois.
Selon son habillement, il peut, soit être reconnu, soit passer inaperçu.
Décrivons-le de la tête au pied.
Les Apaches sont friands de casquette, suivant les quartiers et suivant les années ils vont en adopter plusieurs.
La casquette à pont, la casquette plate, la ronde, la gonflante.
Il y en a donc pour tous les goûts, certains portent même des “English cap”.
La plus connue, c’est la “Deffe”, qui vient de Desfoux, le nom de son créateur. Elle est souple et possède une large visière.
Deux autres casquettes vont aussi être très appréciées des Apaches : La Panet et la Grivelle.
Côté couleurs, on retrouve des casquettes grises, noires et vert-de-Gris.
Autre accessoire super important de l’Apache : le foulard.
Il est à la fois esthétique et pratique.
Il permet d'être reconnaissable, mais aussi de s'en servir comme arme dans un duel au corps à corps.
Le foulard est noué autour du cou, et la plupart du temps rouge.
Pour le haut, l’Apache peut soit porter un bourgeron bleu, la veste de l’ouvrier
Soit une veste de lustrine noire, courte et cintrée.
En dessous cette veste, laissée ouverte, il porte une chemise de couleur, un peu fripée, ou un tricot rayé.
Le pantalon à pattes d’éléphant est le pantalon le plus répandu chez les Apaches.
Ils l’appellent le Benard, du nom de son créateur.
Ce falzar ajusté peut être en coton ou en velours.
Il y a aussi le fameux froc à la “mal au ventre”.
Dénommé ainsi car certains voyous avaient constamment les mains dans leurs grandes poches, comme si leur ventre leur faisait des misères.
Pour tenir ce beau pantalon, l’Apache porte une large ceinture de feutre, frangée aux extrémités, de couleur rouge ou bleu.
Un foulard noué autour de la taille pouvait aussi faire l’affaire.
Aux pieds, les Apaches portaient des bobelins, une sorte de bottines, soigneusement lustrées et vernis.
Ou bien des souliers jaunes, pointus avec des boutons dorés.
Ils aimaient porter des chaussures de couleur vive pour ne pas passer inaperçu.
Pour affiner leur style, les Apaches prêtent aussi une forte attention à leurs cheveux et aux bijoux.
Tout d’abord, il y a la chevelure en “botte de mouron” : c’est à dire des cheveux ras sur la nuque et longs sur le dessus.
On a aussi les chevelures lisses et pommadées ramenées en accroche-cœur (Petite mèche de cheveux en forme de boucle, collée sur la tempe).
L’Apache est aussi très friand de bijoux, notamment de bagues.
En début de carrière, il se contente de bijoux en toc, mais plus il grandit et plus il s’aguerrit.
Il voit ses doigts prendre de la valeur.
Les bagues “Apache” vont faire leur apparition, avec des motifs de tête de mort ou de monstre.
Pour couronner le tout, l’Apache a une cigarette roulée au bec, allumée ou éteinte, qu’il garde en toute circonstance.
]]>Sous le terme Apache, on a réuni plusieurs types de voyous : l’escroc, le voleur, le rôdeur, le cambrioleur.
En résumé l’homme qui vit en marge de la société, prêt à tout pour ne pas travailler.
Il y a un peu de tout dans les Apaches : des professionnels du crime, des malfrats, des jeunes fêtards, des anarchistes, et des proxénètes.
]]>En résumé l’homme qui vit en marge de la société, prêt à tout pour ne pas travailler.
Il y a un peu de tout dans les Apaches : des professionnels du crime, des malfrats, des jeunes fêtards, des anarchistes, et des proxénètes.
Les cambrioleurs sont des malfaiteurs qui ont pour spécialité de dévaliser les chambres inhabitées la journée.
“Cambriole” signifiant d’ailleurs en argot, petite chambre.
Le plus souvent il se déguise en ouvrier ou serrurier pour passer incognito. Ils opèrent seuls ou à deux.
Leurs outils favoris sont des fausses clés, un pied de biche, et une pince Monseigneur.
Les Dévaliseurs, eux, s’occupent des Villas et des hôtels.
On les appelle les cambrioleurs de la banlieue.
Ils fonctionnent en bande organisée et ne laisse rien après leur passage
Objets d'art, meubles, vêtements, bijoux, tout y passe
Les Bonneteurs ont comme attirail, un tréteau et trois cartes, deux noires et une rouge.
Le principe, tu le connais sans doute, parier pour trouver la carte rouge.
Evidemment le jeu est truqué et les pigeons sont nombreux.
Ils traînent sur les grandes avenues de la capitale, près des champs de courses (Vincennes) et des fêtes foraines (La Foire du Trône, La Fête de Neuilly, La Fête des Invalides).
Les Souteneurs se présentent comme garde du corps ou protecteur.
Mais on les appelle plutôt les proxénètes.
Ils vivent du travail des prostituées, qui sont souvent leurs amantes.
Les Avertisseurs, qu’on appelle aussi les guetteurs.
S’occupent d’avertir les filles et leurs souteneurs de l’arrivée de la police.
Ils sont très mobiles et donc difficile à arrêter.
Les voleurs sont souvent très jeunes.
Ils commencent parfois leur carrière à l’âge de 6 ans.
Ils volent à l’étalage, à la tire, ou à l’esbroufe, et opèrent dans les omnibus, les magasins, les églises et lors des grandes fêtes.
Les Cisailleurs s'attaquent aux chaînes de montres.
Ils sont armés d'un petit sécateur extrêmement tranchant.
Ils coupent discrètement les chaînes qui pendent sans que leur victime s’en aperçoive.
On les trouve dans les endroits bondés, et souvent guindés.
Certains Faux Monnayeurs fabriquent, et d’autres écoulent la fausse monnaie.
Ce n’est pas la profession la plus courante chez les Apaches, mais elle est très répandue à cette époque.
Certains fausses pièces sont fabriquées en plein coeur de Paris.
Les Griveleurs sont les spécialistes pour faire un bon repas et ne pas le payer.
La grivelle c’est le resto basket d’aujourd’hui
On en dénombre, à cette époque, plus d’une centaine par jour.
Depuis la simple pinte laissée volontairement impayé, jusqu'au somptueux repas.
Enfin, les Escrocs sont les voyous employant de faux noms ou de fausses qualités pour tromper autrui.
Ils arnaquent notamment les commerçants et les artisans trop crédules.
Il y a aussi les maîtres chanteurs, qui s’attaquent aux maris infidèles.
On en retrouve d’ailleurs beaucoup chez les souteneurs.
]]>Le mode de vie des Apaches est marqué par le destin et la fatalité.
Ils vivent au jour le jour, sans perspectives d’avenir.
Ces enfants ne font qu’imiter les habitudes de leurs parents et des gens de leur quartier.
]]>Ils vivent au jour le jour, sans perspectives d’avenir.
Ces enfants ne font qu’imiter les habitudes de leurs parents et des gens de leur quartier.
Fumer, boire et jouer est tout naturel pour eux.
Le but premier de ces bandes n’est pas de commettre des délits, mais de s’amuser et d’occuper le temps libre.
Ils font la fête, vont au bal, jouent aux cartes.
Et comme tout cela a un coût, ils commettent des délits pour se faire de l’oseille.
Chez les jeunes apaches, l’attitude fait partie intégrante du style de vie.
Ils sont voyants, exhibitionnistes, et se donnent en spectacle.
Pour s’occuper, ils se défoulent dans l’espace public.
La volonté de s’afficher va à contre-courant de la société de l’époque
Basée sur des valeurs comme le travail, la pudeur et la morale…
La journée d’un Apache est rythmée par les mauvais coups, les filles, les jeux et la fête.
Bon nombre d’Apaches ont pour unique job de s’occuper de la sécurité des femmes qu’ils mettent sur le trottoir.
D’un bistrot voisin, ils guettent leurs allers-retour.
Ils dérouillent les clients violents et font cracher les mauvais payeurs.
Les Apaches aiment jouer aux cartes (à la manille et à la belote) et aux dés, avec d’interminables parties de passe anglaise.
Ils s’amusent aussi avec des jeux rapides qui ressemble au bonneteau comme « l'as de trèfle », « le plus d'atouts » ou le « tirlibibi ».
La journée, les jeunes Apaches s’exercent au vol à l’étalage et prennent possession des squares et des terrains vagues.
Ils préparent les expéditions du soir, qu’ils feront à deux ou trois.
Même si les délits sont mal préparés et occasionnels, c’est pour certain, leur unique source de revenu.
Une fois leur sale coup réalisé, ils sortent faire la fête.
Les Apaches ont un goût prononcé pour la fête, l’alcool, le tabac et les filles.
Être "Apache" c’est s'afficher fièrement sur les Boulevards, dans les bals et les débits de boisson.
À cette époque, les bals pullulent dans toute la capitale.
On paye à chaque danse comme au manège.
Le tango, qui arrive de Buenos Aires, est détourné en “Tango Apache” qu’on appellera plus tard la Danse Apache.
Les quartiers les plus festifs se trouvent vers les Halles, à Bastille, à Charonne et à Montmartre.
Dans ces lieux de fête, on assiste à une belle débauche collective, qui finit souvent en bagarre.
Les Apaches n’hésitent pas à braver les forces de l'ordre si ces derniers interviennent.
]]>« Le vin coulait à torrent, où l’on buvait, on dansait, on se battait toute la nuit. »
Les bandes parisiennes des années 1900 se situent dans les quartiers pauvres des arrondissements périphériques.
Elles sont aussi présentes dans les quartiers déshérités du centre, comme par exemple le quartier Saint-Merri près des Halles.
Ces zones ont une mauvaise réputation.
]]>Elles sont aussi présentes dans les quartiers déshérités du centre, comme par exemple le quartier Saint-Merri près des Halles.
Ces zones ont une mauvaise réputation.
Les loyers y sont donc moins chers et les migrants s'y regroupent.
Mais les Apaches ne se contentent plus des coins miséreux ; ils reprennent possession du coeur de la ville, d’où leurs parents ont été chassés.
C’est sans doute la première génération ouvrière à se sentir à ce point parisienne.
Venus des hauteurs de Belleville, de Ménilmontant ou de Montmartre, ils affectionnent le centre et traînent à Maubert, Montparnasse, ou Mouffetard, et viennent rôder au Quartier Latin et aux Halles.
Ce sont de vrais Titis Parisiens.
Pour se cacher, il y a les Fortifications et la «zone», ce vaste terrain vague qui entoure Paris.
Dans L’Est populaire, on a une immense zone ouvrière qui va de Charonne à Pantin, en passant par Belleville et La Villette.
On y retrouve de nombreuses industries, des usines sales, de vastes étendues désertes et une population qui sert de main-d’œuvre. Cette situation va entraîner une montée de la pauvreté et de la violence.
Cette partie de Paris, comme laissée à l’abandon, regorge de bandes Apache.
On y retrouve :
Ou encore :
Un peu plus à l’ouest, se trouve la Butte Montmartre, haut de lieu de la fête et de la débauche.
On y trouve la bande des Loups de la Butte, mais également celle des Tombeurs de la Goutte d’Or.
Plus au Nord, derrière le périphérique actuel, on a Les Terreurs de Saint-Denis et Les Cœurs d’Acier de Saint-Ouen.
Encore plus à l’Ouest, dans le 17ème arrondissement, Les Monte-en-l’air des Batignolles, s’occupe de cambrioler les appartements des beaux quartiers.
Tout comme au Nord de la capitale, on retrouve, dans le sud, des quartiers très pauvres, pour la plupart, proche de la zone et des fortifications.
De nombreuses bandes vont se former suite aux exploits de leurs voisins du Nord Est.
On va voir apparaitre :
Ou encore :
Plus au centre, on retrouve des bandes comme Les Mohicans de Montpar, dans le quartier très passant de Montparnasse ou Les Cœurs-Unis de Grenelle, dans le 15ème arrondissement.
“Rien ne vaut le quartier, ses habitudes, son parler, son accent, ses plaisirs, ses filles, ses bals, ses chansons, son décor.”
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Les apaches sont des adolescents issus du sous-prolétariat urbain.
Exclus de la société, ces jeunes vont tomber dans la délinquance entre l'école et l’armée.
Les bandes apaches vont naitre de leur expérience commune : la rue, la débrouille et la pauvreté.
]]>Exclus de la société, ces jeunes vont tomber dans la délinquance entre l'école et l’armée.
Les bandes apaches vont naitre de leur expérience commune : la rue, la débrouille et la pauvreté.
Elles vont s’organiser pour survivre.
Les Apaches se connaissent pour avoir été ensemble à l’école du quartier, en maison de correction, en prison ou aux bataillons d’Afrique.
C’est avant tout un réseau de camaraderies et de relations.
Réuni autour d’un chef, plus musclé, plus audacieux ou « vétéran » de tôle.
Autour d’un « noyau dur » on retrouve un entourage plus large qui s’attache et se détache au gré des circonstances.
Ces bandes de quartier ne sont pas forcément très organisées.
Même si l’on y trouve souvent un capitaine, un lieutenant, des éclaireurs, et un lieu de réunion.
Ce sont les bagarres dans la cour de l’école, dans la rue ou sur les fortifs qui servent d’entrainement.
Certains passeront aussi par la salle de culture physique.
Soit pour en sortir acrobate ou boxeur
Soit spécialiste en mauvais coup…
Ces bandes développent des codes particuliers pour se différencier les unes des autres.
Elles se trouvent d’abord un nom, destiné à impressionner les autres bandes et revendiquer leur valeur.
Il s’agit :
⁃ soit de leur spécialité : Les Monte-en-l’air, Les Marlous
⁃ soit de leurs tenues vestimentaire : Les « Cravates bleues », Les “Gilets de velours”
⁃ soit du nom de leur chef : La bande à Manda, la bande à Delignon
⁃ soit d’une caractéristique physique : Les Tatoués, Les Costauds, les Grains de Beauté
Bien souvent, les noms des bandes font référence au quartier d’origine : La Butte Montmartre, Ménilmontant, Belleville…
Certaines bandes portent même plusieurs noms pour brouiller les policiers.
Une bande comprend entre 10 et 20 individus, et elle est parfois mixte, on y retrouve notamment les compagnes des souteneurs.
Dans certaines bandes, des rites initiatiques étaient imposés : agresser un bourgeois, piller un commerce, ou mettre le feu à un omnibus.
L’Apache parisien méprise le prolétaire qu'il traite d'esclave avachi.
Il hait les bourgeois, les flics et le travail.
Sa hantise : aller à l’usine.
Les Apaches forment une micro-société avec leur propre langage, leurs codes, et leur géographie.
Ils affectionnent les tatouages, et sont pratiquement tous armé d’un couteau, appelé le surin.
Ils parlent l’argot, qu’ils appellent « le jarre ».
Ces jeunes sont courageux et fidèles à leurs bandes.
Mais gare aux traitres !
Pour ceux-là, il y a les tribunaux d’apaches : où l’on juge les membres qui collaborent avec la police, ou qui ont trahi le gang.
]]>Les premières bandes de jeunes de la capitale apparaissent dans les années 1880.
Il y a 4 causes principales à ce fléau.
]]>Il y a 4 causes principales à ce fléau.
La première, c’est la transformation de Paris avec les travaux du Baron Haussmann. Cette nouvelle configuration repousse les plus pauvres en dehors de la ville. Les classes populaires du centre parisien sont délogés et mise en périphérie de la capitale.
La seconde cause est l’annexion des faubourgs en 1860, qui agrandit la taille de la ville et voit naitre une nouvelle génération de parisien. Paris passe de 12 à 20 arrondissements.
De plus, la fin de la Commune, va ancrer l’esprit frondeur et rebelle dans les quartiers populaires parisiens.
Et enfin, il y a l’exode rurale massif, qui chamboule la démographie de la capitale. Paris voit son nombre d’habitants doublé tous les 50 ans.
Cette augmentation de la population et ce changement d’urbanisme vont accroitre les inégalités sociales.
Les plus pauvres sont marginalisés et mis de côté.
C’est à cette période que les classes populaires vont se transformer en classes dangereuses.
Le terme Apache apparaît en 1900.
L’origine de cette expression est controversée.
Certains l’attribue tantôt à un chroniqueur du Palais de Justice, tantôt à des journalistes, d’autres encore pensent que c’est le secrétaire du commissariat de Belleville qui aurait lancé cette expression.
Quoi qu’il en soit, les jeunes voyous parisiens de l’époque se sont reconnus dans cette image indienne.
Ils s’en sont revendiqués et l’ont adoptée comme symbole de leur esprit bagarreur et insoumis.
Le terme Apache va désigner le “jeune malandrin des faubourgs”.
Il va devenir le nouveau synonyme de bandit.
On retrouve de nombreux points communs entre les voyous parisiens et les Apaches d’Amérique.
Même esprit de liberté, même sauvagerie, même exotisme de moeurs et de langage.
En 1900 et 1901, le terme Apache s’applique exclusivement à la bande de Belleville.
En 1902, le terme s’étend aux bandes de Charonne, de la Villette et de la Courtille.
Le nom devient commun et général à partir 1905.
À cette époque là, les gamins des quartiers populaires sont des graines de délinquant.
Ils sont voués au crime et développent très tôt un désir de liberté et goût pour le désordre.
Ils ont pour objectif de contester l’ordre social.
La rue va devenir leur terrain de jeu…
]]>Pendant la bataille des fortifications, Leca reçoit plusieurs balles de revolver et est transporté à l'hôpital Tenon pour y être soigné. Sorti de l'hosto trois jours plus tard, encore convalescent et sous bonne garde, Leca n’échappe pas à une nouvelle attaque. Le fiacre qui le ramène chez lui est attaqué par Manda. Plutôt du genre acharné le Manda non ?
Attisés par la bataille rangée des fortifs’, les fins limiers de la presse flairent le bon coup. Ils n’en peuvent plus de s’étonner que tout le ramdam est dû à cause d’une fille. Une gigolette qu'on surnomme "Casquette" sur le ruban. Ils se dépêchent de retrouver celle qui deviendra Casque d'Or, surnom ô combien plus vendeur pour les tirages. Interrogée par l'un d'eux devant la porte de l’hôtel de Leca, elle lâchera cette réponse quand on lui demandera duquel de ces beaux garçons elle est éprise : "Peut-on jamais savoir ces choses-là". Toujours dans les bons coups, Amélie sent le bon filon de la presse qui se pressent sur le seuil de sa porte pendant que ses amants se terrent des flics. La presse veut des informations ? Elle leur en donnera, mais non sans en tirer profit elle-même.
Pendant ce temps, une nouvelle fois interrogé par la police sur son lit d’hôpital, Leca renonce toujours à évoquer le nom de Manda, au risque de sa vie. Les rixes se poursuivent pendant quelques semaines, mais sans commune mesure avec celle des fortifications. La presse et les bourgeois feignent l’indignation, mais se réjouissent dans le même temps des bonnes feuilles de cette chronique.
Finalement, au bout de quelques semaines, le père de Leca, n'en pouvant plus des exactions à répétitions, dénonce Manda aux flics. Les deux chefs de bande et quelques-uns de leurs comparses sont arrêtés et leurs procès respectifs fixés à avril 1902. Le tout Paris s’agite devant le palais de justice et chacun veut venir voir de ses propres yeux ces filous et surtout la belle qui a fait tourner autant de têtes. Le premier procès, celui de Manda est retentissant de ce point de vue et les chroniqueurs judiciaires se régalent des bons mots de l’audience. Celui de Dominique Leca est un peu moins suivi, l’affaire commençant déjà à se dégonfler. Aussi vite qu’elle avait emballé tout le monde.
Finalement, les deux apaches sont condamnés au bagne à Cayenne. L’histoire retiendra que les deux prirent le même bateau pour la Guyane, d’où aucun des deux ne reviendra jamais. Leca sera enfermé alors que Manda, habile de ses dix doigts, officiera comme infirmier de chirurgie. Certains racontent que Manda a cherché son ennemi même emprisonné, mais il ne mettra jamais un point final à sa vengeance.
Amélie, plus connue sous son nom d’artiste désormais, sera embauchée pour mener une revue dans un cabaret, mais l’affaire n’ira pas bien loin. Elle vendra tout de même ses mémoires à la presse, toujours au fait du sensationnel.
Elle disparaitra de la circulation jusqu’à émerger à la fin de sa vie comme couturière, mariée et définitivement rangée du « milieu ». Elle mourra de la tuberculose dans les quartiers d’Ivry.
Tous les trois auront participé à la naissance d'un mythe fondateur, d'où resteront pour jamais hérité le nom d'apache et l'une des plus belles et violentes histoires d'amour du XXe siècle.
KS, Wild Writer - www.passerelle-de-mots.fr
]]>Avec Manda la passion se consume aussi vite que le feu avait pris.
Lucide, Amélie se sait rongée par sa jalousie et va une nouvelle fois passer ses nerfs en allant proposer ses charmes aux bourgeois et aux dociles en oubliant parfois de rendre des comptes à ses macs. Elle le fait d’autant plus sereinement que Manda la délaisse pour ses affaires, s’absente souvent et remplit ainsi Amélie de frustration.
C'est peu ou prou dans ce contexte qu'elle fait la rencontre d’un certain Dominique Leca. L’homme, qui lui se fait appeler « Le Corse » est le chef de la bande de Popinc’. Popincourt pour Leca, Les Orteaux pour Manda, même sans Amélie entre les deux chefs de bande, la situation tout pour être explosive. Amélie quitte Manda sans mot dire.
L’histoire d’amour prend naissance dans un bouge du boulevard Voltaire. Amélie tombe sous le charme de cette force de la nature à la peau parcheminée de tatouages, reliques des campagnes d’Afrique. Amélie adore les tatouages.
Les deux se fréquentent de plus en plus assidument et Leca embrasse rapidement le rôle de protecteur pour Amélie. À ce moment-là, il est difficile d’affirmer avec certitude qu’elle continue ses activités sur le trottoir.
Tout juste huit jours après leur rencontre Manda est déjà sur leurs talons. Il faut dire qu’Amélie insiste sur le fait qu’elle a tout fait pour que l’affaire se sache. Elle voulait que Manda soit rongé par la jalousie. Elle le désirait au risque de déchaîner chez le jeune homme les pulsions les plus dangereuses. Le lendemain de l’installation de Leca et d’Amélie dans un hôtel de la rue Godefrot-Cavaignac, Manda et Le Boulanger les attendent alors qu’ils remontent le boulevard.
Manda se rue sur Leca en un éclair pour lui asséner un coup de couteau. Amélie ameute les badauds et ses cris mettent en fuite son ancien amant et son complice. Blessé, Leca ne trahit pour autant pas moins la loi du silence du "milieu" et ne dénonce pas Manda aux flics. Leca à peine relâché par les roussins, Manda ne s'arrête pas là et s'attaque à l'hôtel dans lequel Leca et Amélie ont pris une chambre. L'attaque ne fait pas de blessés, mais déclenche les hostilités entre les deux bandes. S'ensuit la baston du siècle, et à l'époque c'était pas des fausses promesses d'octogone sans règle par story Insta interposées. La date et le lieu sont fixés, ça se passera le 5 janvier 1902, sur les fortifications de Belleville.
En termes de bataille, c’est un véritable déchaînement de violence : la poudre parle, ça surine dans tous les sens. Plusieurs blessés sont à déplorer des deux côtés, les apaches se battent pour défendre leurs chefs, leurs bandes, leurs vies.
Dans Paris, l’affaire fait grand bruit. Les journalistes s’attendent à trouver un règlement de compte, une vengeance. Ils tombent sur le cul en découvrant la raison des hostilités. L’un d’entre eux, un peu plus inspiré que les autres, s’époumone dans le Petit Journal : « Ce sont là des mœurs d’Apaches, du Far West, indignes de notre civilisation. Pendant une demi-heure, en plein Paris, en plein après-midi, deux bandes rivales se sont battues pour une fille des fortifs, une blonde au haut chignon, coiffée à la chien ! »
Bim ! Le mot est lâché, il ne quittera plus jamais les bandes parisiennes. La dénomination d’apache leur collera à la peau comme leurs aspirations de liberté communes. La guerre, elle, ne fait que commencer.
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La suite : L'Histoire de Casque d'Or - Partie 4
]]>Après quelques semaines passées enfermée, à ruminer sa frustration de l'autorité, Amélie sort d'institution avec des envies d'indépendance plus grandes encore. C'est toujours dans la rue qu'elle fait la connaissance de celle qui se fait surnommer Hélène de la Courtille. La jeune femme l'héberge et lui enseigne les rudiments de la vie sur "le ruban". De fait, Amélie devient une prostituée sur le boulevard de Charonne. L’histoire retient que le job lui convient bien, car elle est rapidement connue de la Mondaine et fichée à Saint-Lazare.
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Après quelques semaines passées enfermée, à ruminer sa frustration de l'autorité, Amélie sort d'institution avec des envies d'indépendance plus grandes encore. C'est toujours dans la rue qu'elle fait la connaissance de celle qui se fait surnommer Hélène de la Courtille. La jeune femme l'héberge et lui enseigne les rudiments de la vie sur "le ruban". De fait, Amélie devient une prostituée sur le boulevard de Charonne. L’histoire retient que le job lui convient bien, car elle est rapidement connue de la Mondaine et fichée à Saint-Lazare.
Encore toute jeune dans le métier, elle est soutenue par un proxénète notoire surnommé "Bouchon" qui est, de l'avis de l'époque, le pire malfrat que le quartier de Charonne ait donné à la pègre. Un des pires "Gars d'Charonne", assurément pas un tendre. Elle rapporte docilement la recette de ses journées sur les trottoirs de la capitale à cet homme qui passe ses journées dans les cafés à boire et à jouer à la manille et à la passe-anglaise. Alcoolique et violent, l'homme donne à sa "gagneuse" des objectifs intenables. Il l'exploite et il la bat sans vergogne.
C'est au cours de ses 19 ans qu'elle choisit la fuite, loin de ce tortionnaire. Toute la vie de Casque d'Or est rythmée ainsi. Chaque fois qu'elle se sent frustrée ou pleine de mal-être, elle va retrouver des perspectives dans la rue, occupée à « fournir du rêve aux hommes » et « soulager des épouses ». Elle aime à recueillir « les jeunes commis tirant la langue et les dorlote dans ses bras » selon ses propres aveux.
Ces escapades l’amènent à faire la rencontre de Joseph Pleigneur, dit Manda. Lui, "l'Homme", comme on le surnomme dans le quartier, 22 ans, fait plutôt dans la filouterie et les cambriolages. Manda, apprenti polisseur sans emploi, comprend bien vite qu'il a plus à gagner à mettre son habileté au service de la rapine que de s'échiner pour les misères qu'un patron daignera lui laisser. Plutôt porté sur la bagarre, il décroche son titre de noblesse en sortant victorieux d'un combat à mains nues contre Paulo l'Arrangeur sur les fortifs de Belleville. L'exploit le propulse chef de la bande des Orteaux et il devient bien vite haut placé dans la voyoucratie locale. À cette occasion, il s'entoure d'acolytes aux surnoms improbables comme "Cou Tordu", "Le Dénicheur", "Son-Pied", "Le Boulanger". La bande vit de racket, de cambriolages et, bien sûr, de proxénétisme.
Auprès de Manda, Amélie se raconte heureuse en embrasse à nouveau la carrière de "marmite" sur les trottoirs de Belleville ou de Charonne. C'est lui aussi qui l'emmène le premier danser aux guinguettes du bord de l'eau de Saint-Mandé au bord du lac Daumesnil. L'histoire ne tranche pas réellement sur qui est le plus jaloux des deux, mais elle s'accorde sur le fait que les amants vivent une passion dévorante. Manda laisse des poèmes enflammés et désespérés quand Amélie de son côté enrage de le savoir avec d'autres filles.
Extrait d’un des poèmes laissé par Manda, dans lequel on l’imagine aisément se mettant en scène entrain de surveiller Amélie puis par finir par tuer son client de jalousie :
"Enveloppée de sa mantille, Auprès du bec de gaz qui brille,
La fille d’amour bat son quart. De temps à autre elle regarde Son amant qui monte la garde Sous un arbre du boulevard. » [...]
« L’amant debout reste à l’écart... Il regarde...plus rien ne bouge ! Le ruban se teinte de rouge :
Le ruban, c’est le boulevard !... "
KS, Wild Writer - www.passerelle-de-mots.fr
La suite : L'Histoire de Casque d'Or - Partie 3
]]>Dans l'est de Paris entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, rien ne bat plus vite et plus fort que la Courtille et Belleville. Aujourd'hui, on dirait aisément que c'était "the place to be" pour emmener guincher sa gow. On a déjà eu l'occasion de raconter le succès du vin gai et l'ambiance inénarrable de ces guinguettes. À l'époque, les battles de danse se font plutôt sur de la musette ou de la valse, mais ça en jette grave. Au bord de la Seine, les dimanches au bord de l'eau se passent ainsi.
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Dans l'est de Paris entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, rien ne bat plus vite et plus fort que la Courtille et Belleville. Aujourd'hui, on dirait aisément que c'était "the place to be" pour emmener guincher sa gow. On a déjà eu l'occasion de raconter le succès du vin gai et l'ambiance indescriptible de ces guinguettes. À l'époque, les battles de danse se font plutôt sur de la musette ou de la valse, mais ça en jette grave. Au bord de la Seine, les dimanches au bord de l'eau se passent ainsi.
Foisonnants de fête et d'un peu de débauche dominicale, les lieux se situent aux croisements de la ville et des vignobles. En quelques mots, ça picole, ça rigole, ça se branche, ça se bagarre. Il n'empêche que mine de rien, c'est d'abord dans ces rues, avant de se répandre sur les grands faubourgs bourgeois que vont se nouer les grandes heures des apaches parisiens.
Fin dix-neuvième, les bandes sont déjà légion et l’oisiveté de la jeunesse tout aussi grande. Chacun ne manque pas une occasion de se montrer en nombre pour discuter le pavé à ses rivaux. Depuis Popincourt, Ménilmontant, Saint-Fargeau, Charonne, les costauds se pressent vers les quartiers de l’actuel XXe arrondissement pour aller y faire valser leurs belles et mettre en jeu sa toute-puissance sur le pavé.
L'histoire de Casque d'Or commence ainsi, avec pour toile de fond cette vie parisienne des années post révolution industrielle, mi-insouciante, mi-désœuvrée. Au tout début de l'histoire, la jeune Amélie Élie ne porte pas encore le surnom mythique dont elle héritera plus tard. Devenue jeune femme, elle arborera un chignon haut châtain aux reflets blonds, infusant un certain sens de la formule de la part de la presse. Nous y reviendrons.
Pour le moment, Amélie a 3 ans. Arrivée d’Orléans, la jeune fille emménage dans la rue Popincourt avec ses parents, Popinc' pour les intimes. On est en plein cœur de ce qu'on appelle la zone.
Le tout nouvel arrondissement est un quartier ouvrier, assez insalubre, où la mortalité infantile est sept fois plus importante que dans le reste de la capitale. Dans la zone, le destin condamne une petite fille sur dix au trottoir. La vie ici se résume à des quotidiens et la plupart des garçons trainent dans les cafés pendant que les filles se font chiffonnières ou vendent des fleurs sur les trottoirs.
Malgré la réelle précarité dans laquelle elle grandit, Amélie décrira plus tard cette vie dans la zone comme quelque chose de réconfortant, d'attirant presque. Elle aime la vie dans ce microcosme qui obéit à ses propres lois, ne dort jamais, terrorise le bourgeois des quartiers du sud.
Adolescente et fugueuse, elle s'amourache d'un jeune ouvrier avec lequel elle se met en ménage alors qu'elle n'a que 13 ans quand lui est de deux ans son ainé. "Le Matelot" comme il se fait surnommer dans le quartier, n'a que peu à lui offrir, mais la jeune fille s'en contente pendant un an. Cette vie loin du foyer ne convient guère à ses parents qui la font rechercher à maintes reprises et finissent par mettre un terme à cette première idylle. Trop jeune pour la prison, elle est envoyée en maison de correction et cet enfermement forcé scellera les envies de liberté de la jeune fille.
KS, Wild Writer - www.passerelle-de-mots.fr
La suite : L'Histoire de Casque d'Or - Partie 2
]]>Cette infographie revient sur les évolutions marquantes des techniques de police scientifique à la fin du XIXe siècle en France.
]]>Cette infographie revient sur les évolutions marquantes des techniques de police scientifique à la fin du XIXe siècle en France.
De l'abolition de la marque au fer rouge à l'instauration du dynamomètre d’effraction (outil permettant de mesurer la force déployée pour forcer une porte lors d’un cambriolage).
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À présent, tu connais par coeur ces rôdeurs parisiens, mais sache que leur belle dulcinée, les femmes Apaches pouvaient être bien plus terrifiantes que nos chers tombeurs…
]]>Ces rudes femmes à fort caractère occupaient les rangs des Apaches parisiens et étaient aussi violentes, provocatrices que nos truands.
Certes, elles se prostituaient pour leur Marlou, mais leur rôle au sein des Gangs était fondamental. Elles occupaient une place importante au sein de l’organisation et étaient les égales des hommes, ce qui était assez inhabituel à la Belle Époque.
Curieux de quoi ces vocifératrices étaient capables? On va te raconter quelques anecdotes.
DUEL AU SAC DE SABLE
On commence fort avec un combat entre deux femmes Apaches en plein hiver Rue du Général Morin. Tu vas me demander alors, pourquoi “Duel au sac de sable”?
Lassées des classiques comme les Vingt-deux[1] ou revolvers, elle décident de remplir un bas de sable et d’utiliser cette arme fatale (très originale aussi) pour mettre à terre son adversaire… Et le tout en jupe légère.
Après un échange de nombreux coups violents, l’une d’entre elles succombe et se retrouve à l’Hôtel-Dieu[2] dans un état désastreux, tandis que l’autre en profite pour prendre la fuite.
APACHES EN JUPONS 1908
Encore plus effrayantes quand elles sont en groupe…
Un homme d’une trentaines d’années rentrant chez lui, se retrouve à une heure tardive, à Gare de l’Est. Il se fait alors abordé par cinq belles femmes toutes bien habillées (le chanceux, tu vas me dire).
Mais les apparences sont trompeuses… les furies encerclent le vulnérable homme, puis lui fait subir le coup du Père François[3] (fourbe et très efficace).
Impuissant face à la bande, le trentenaire crie au secours mais en vain… Elles continuent à s’acharner en le ruant de violents coups de poing et coups de pied jusqu’à lui arracher son pantalon et ses bottines (oh les coquines!).
Morale de l’histoire : pour ne pas te faire racketter, sois un(e) Apache!
[1] Couteau, il est temps que tu apprennes quelques mots de vieil argot ici.
[2] Le plus ancien hôpital de la capitale (moment culture, on adore)
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Deuxièmement, les armes varient selon le goût de chacun : taille de la lame, taille du manche, raffinements décoratifs...
Le point américain est une arme très présente au cours du XXème siècle, c'est une arme constitué de métal dans le quel on passes ses doigts. Si l'on frappe quelqu'un avec un coup-de-poing américain, c'est le métal qui vient d'abord en contact, avec des conséquences très grave pour la victime.
En effet, cette arme a été conçue pour permettre à son utilisateur de continuer à se servir de ses doigts par exemple pour recharger une arme à feu.
Le casse-tête perfectionné est une arme très ancienne, utilisé pour écraser les os ou le crâne et, ainsi causer une mort quasi instantanée ou très lente et douloureuse. Peu de gangsters parisiens l'utilisaient, elle était faite en corne de cerf, en racine d’arbre ou en bois solide et long comme l’érable. Cette arme est une massue, capable de casser une jambe ou de tuer sur le coup.
Au XXème siècle, l’Apache avait la chance d’avoir une arme construite en 2 temps : d’un coté il y avait l’arme casse-tête et de l’autre un couteau a cran d’arrêt. Pratique et efficace, cet arme était difficile a cacher, il fallait alors être rapide et sure de soi en attaquant la victime.
Enfin, le revolver Apache était une arme qui en regroupait 3 : un revolver, un couteau et un poing américain.
Conçu en1860 par le français Louis Dolne, elle était multifonction et pliable... Pratique pour un gangster.. Malgré l'avantage d'être facilement dissimulable l'arme ne possédait pas une grande précision de tir mais elle s'est tout de même avéré mortel à plusieurs reprises..
1) Je t'attends à Charonne - Leny Escudero : https://www.youtube.com/watch?v=GQP7I-uzSkM
2) Adieu Charonne - Charles Colmance & Charles DomerqueA - Charles Colmance & Charles Domerque : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k11592483/f1.item.zoom
3) A Charonne - Paul Cadot & Jules Deschaux : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k921285v/f1.image
]]>Si pour toi Charonne se résume à une station de métro de la ligne 9, tu es sur la bonne page. On va te faire découvrir le village de Charonne, là où trainait le gang des Gars d'Charonne (forcément).
Situé entre Le Père Lachaise et la Porte de Montreuil, le Village de Charonne est délimité par le boulevard de Charonne d'un côté, et le boulevard Davout (ex boulevard des Maréchaux) de l'autre.
Tu prends la ligne 3 du Métro direction Gallieni et tu t'arrêtes à Porte de Bagnolet.
De là tu prends le Boulevard Mortiez et tu montes les escaliers à droite de la rue Géo-Chavez. Comme ça tu n'as que de la descente.
La visite peut commencer.
Ancien quartier de vignerons, on y comptait, à la genèse du village, environ 800 habitants. De nombreuses fabriques étaient présentes : fabriquant de colles, d'allumettes, de chapeaux... Son clocher, ses pavés et ses petites maisons basses font ressortir le charme de cet ancien village.
On y compte de nombreuses anciennes maisonnettes d’ouvriers qui travaillaient à la carrière de gypse rue des Montiboeufs.
C'est en Juin 1859 que le petit village de Charonne est rattaché à Paris. Au XIXème siècle, le village n'est encore qu'une zone rurale, il se développa plus tard grâce à l'arrivée du métro. En 1900, la première ligne de métro desservait le sud du quartier, peu de temps après les lignes 2 et 9 firent leurs apparitions dans le traditionnel quartier de Charonne.
Le village s’étendait du Château de Charonne et de l’église Saint-Germain jusqu'à la Grande-Rue (actuellement rue Saint-Blaise), en passant par la Place de la Réunion et la Rue des Pyrénées.
Le 20ème arrondissement est bordé par le périph' de la capitale, mais entre tours modernes et bâtiments en briques rouges ce petit village parisien regorge de charme.
"Ah la rue Sainte-Blaise ! " nous acclame la boulangère du quartier, c'est la rue qui faisait virevolter tous les parisiens. Cette rue est piétonne et ornée de pavés, elle était autrefois la grande-rue du village : commerçants et habitants s'y retrouvaient pour discuter, boire un café ou jouer aux cartes. On y aperçoit au loin l'église Saint-Germain de Charonne, une des rares à avoir son cimetière directement rattaché.
De belles célébrités ont habitées dans ce petit village, Edith Piaf et Barbara y ont vécu de nombreuses années. Tu pourras contempler une statue en bronze de "la môme" juste en face de la fontaine Wallace près de la place Edith Piaf (logique).
Tu vas voir c'est comme un petit village de campagne, en plein Paris. Des centaines de petites maisonnettes en briques se cachent parmi les ruelles du quartier.
Vagabonde dans les petites rues et pense aux voyous qui se sont battus sur ces pavés il y a 100 piges.
C’est extrêmement dur de faire un article sur la drogue. Sujet tourné et retourné dans tous les sens par à peu près tous les magazines et journaux qui existent, la drogue est le sujet aussi facile que difficile par excellence. Facile car chiffres comme témoignages sont sacrements attractifs pour le lecteur voyeur, le lecteur malsainement curieux. C’est d’ailleurs sûrement pour ça que tu es là aussi, mais ne t’inquiètes pas, je suis comme toi et je vais faire en sorte que cet article t’apprenne quelque chose ! Sujet difficile car prendre un point de vue que personne n’a jamais pris est presque impossible. Aujourd’hui, on a décidé d’étudier le phénomène Drogue en comparant la période des gangs de Paris avec la notre et, au lieu d’étudier les faits et les conséquences, on va regarder d’un peu plus près les causes.
Problématique : Pourquoi les gens se droguent, bordel de merde ?
La période des gangs, qui équivaut, si tu lui écartes un peu plus les jambes, à la Belle Epoque : 1870-1915, est une période charnière pour la drogue. Naissance de l’impressionnisme et toute sorte d’autres mouvements artistiques qui apparaissent en aussi grand nombre que les partis politiques vomitifs d’aujourd’hui : Cubisme, Parnasse, Symbolisme… Ca pullule. C’est dans cette ambiance que la drogue se popularise et se propage partout. Oui, faire un parallèle entre les artistes et la drogue peut paraître parfois simpliste, mais crois moi, ce parallèle existe pourtant bel et bien ! Baudelaire qui fumait de l’opium comme tu pourrais fumer tes clopes le matin, Coca Cola (Oui, oui, la substance de couleur extrêmement naturel que tu coupes avec ton whisky le jeudi soir), et bah il a fallu attendre 1903 pour que ce ne soit plus assaisonnée à la coke mais à la caféine. (Et si on rentre dans les détails, Coca-Cola a subit un contrôle surprise en 1929, et y avait encore des traces de coke, donc bon…). Freud même ! Freud le grand ! Freud l’homme de leçons, qui a étudié en profondeur l’enfance et l’adolescence, avait quand même confirmé l’idée que la coke serait un bon remède pour se sevrer de l’héroïne. Comme quoi, il a fait au moins une connerie. (Peut-être que nier l’existence de la plupart des viol incestueux pour ne pas faire de vagues et, en vitrine, faire des grandes thèses sur l’éducation, en était une aussi. Je sais pas, je jette le sujet sur la table, comme ça, à vous de voir ce que vous en faites.)
Ce serait pas trop con de distinguer deux types de drogués sur cette période. Ceux pour qui la drogue était un moyen d’être en marge des codes de la société, un moyen de se sentir libre, créatif, un moyen de se sentir vivant. Et ceux qui suivaient juste le mouvement, se droguant uniquement pour “ressembler aux artistes”, ou pour “s’échapper, hors de l’horreur de la vie, parce que tu sais pas toi, mais la vie est une pute, et il y a que l’héro qui peut me faire oublier que seule la prostitution pourrait payer mon loyer et la bouffe de mes gosses...“. Il faut bien que tu comprennes un truc : Plus le temps passe, plus les souvenirs disparaissent et ne se raccrochent qu’aux personnes les plus influentes de l’époque. Oui, les artistes se droguaient, mais il y avait également une grande foule de gens insignifiants, de camés anonymes, qui s’achetaient un “coté maudits“ pour une poignée de grammes de coke, d’héro ou de haschisch. Formule pack intégral, buffet à volonté. Saleté de touristes !
Mais qu’est ce qui a changé aujourd’hui ? Pourquoi a-t-on l’impression que les gens se droguent plus? Pourquoi les jeunes se tirent des lignes de coke par mètre, pour un prix exorbitant, avant d’aller en boite ? Pourquoi des types se piquent dans les bras, à un rythme qui ferait rougir le moustique le plus balèze d’Afrique profonde ? On est quand même dans une époque où le gouvernement ouvre des salles de shoot en plein Paname ! (L’ambiance est d’ailleurs plutôt cosy, ils offrent même du café parfois). Et bien finalement rien n’a changé en 200 ans. Il reste une infime frange de la population, en voie de disparition, "d’artistes maudits“ qui se droguent pour survivre, mais la plupart des gens se droguent car ils mélangent tout, comme les gens insignifiants du XIXème siècle. Ils se font bercer comme des nourrissons par une société de consommation néfaste qui leur fait oublier tout raisonnement par eux même, en les foutant au centre d’un truc qu’ils ne maitrisent absolument pas, mais dans lequel ils ont des centaines de droits.
La drogue est un millier de fois plus banalisée qu’il y a 200 ans, et ce, malgré la présence de coke dans les sodas que tu filais à tes gosses. Aujourd’hui, la drogue est devenue une étape dans la vie, un truc usuel, un invité de soirée au même titre que l’alcool. Mais le seul petit bémol avec cet invité, c’est que tu es sûr qu’il viendra à la prochaine soirée. Et même à la suivante. Tu vas devenir le putain de piaf dans Happy Feet qui a la gueule coincée dans un morceau de plastique.
“S’il existait un gouvernement qui eût intérêt à corrompre ses gouvernés, il n’aurait qu’à encourager l’usage du hachisch“. Baudelaire
Voilà l’objectif de cet énième article sur la drogue. Te faire comprendre ce qui n’a pas changé en 200 ans, que légaliser la drogue est un pas de plus dans la débâcle de notre société de consommation.
Théophile Gautier, Baudelaire, Delacroix, Tous ces drogués, tous ces membre du Club des Haschischins ne se défonçaient pas pour s’amuser mais pour créer, pour laisser passer un léger filet de vie entre les griffes tenaces de l’Angoisse. C’étaient des Artistes Maudits.
Un autre phénomène assez nouveau aujourd’hui : les gens vantent une forme de spleen ultra récent. “Je prends de la coke parce que ca fait rockeur, ca me fait penser aux années 60“, “Je suis un gosse de Woodstock“, “Moi aussi, je suis un poète maudit“. Non, tu n’es pas un poète maudit, ni un rockeur. Tu n’es rien.
La palme du demeuré restera pour celui qui se drogue pour s’amuser et passer une bonne soirée. Celui là n’a définitivement rien compris.
]]>Pendant la période de la Belle Epoque, rien n’arrive à empêcher l’activité des gangsters parisiens. Avec le nombre de prostituées de l’époque, tu peux remplir trois Bois de Boulogne, et t’as autant de spots à escroquerie que de Mac Do aujourd’hui.
Ils mettent leur quartier à feu et à sang, puis descendent dans le centre de Paris la nuit pour se foutre sur la tronche, picoler comme des trous et relever le compteur de leurs nanas.
Pourquoi la flicaille est si débordée ? Parce que mathématiquement, même si t’as arrêté les cours en fin de 6ème, tu trouveras le calcul assez simple. T’as 70 000 gangsters d’un coté, contre 8000 sergents de police sur Paname et 800 en banlieue de l’autre.
Les effectifs de police n’ont pas changé depuis 15 piges, donc autant te dire que les mecs sont pas franchement à la page, et puis c’est un peu des caricatures d’argousins, tu vois ?
C’est de la qu’est née l’image du flic bien pourri, qui bite que dalle à ce qu’il se passe, et arrête un type sur cinquante grâce à un coup de chance majestueux. On est assez loin de l’autre guignol de Julie Lescaut qui te résout une affaire par épisode.
En même temps, c’était pas vraiment de leur faute. Le rapport de force est complètement biaisé. C’est comme si tu balances l’élève le plus motivé d’une classe de CE1 face à Mike Tyson. Normalement, ça va chiffrer sec en points de suture sur la gueule du gamin.
Résultat, quand on jette un coup d’œil dans les bouquins qui papotent sur l’époque, tu vois que les flics couraient beaucoup derrière les gangsters, sans jamais vraiment réussir à les choper. C’est simple, sur la période 1900-1915, y a qu’un seul gros coup de filet qui ressort : Janvier 1910, une bande de 12 gangsters se fait choper… Ca pète pas trois guiboles à un canard quoi…
C’est à partir de 1920 que le rapport de force s’inverse. La police reprend le dessus dans des conditions de jeu plus qu’avantageuses : les gangsters se prennent la première guerre mondiale dans la gueule, et tous leurs soutiens les lâchent à force d’être assimilés au mouvement apaches. En première ligne des traitres, tu trouves les patrons de troquets, bougnats et auvergnats, qui leurs mettent bien à l’envers malgré les liens solides tissés une vingtaine d’années plus tôt.
Bref, la police s’est faite rouler dessus pendant vingt ans, et va enfin réussir à reprendre le dessus quand le phénomène Apaches s’est terminé, faute d’effectifs de gangsters. Performance peu glorieuse…
]]>Il serait très con de ne pas se pencher sur le phénomène social de la prostitution si l’on veut vraiment comprendre le fonctionnement des gangs à Paris. En effet, la majorité des gangs de l’époque possédaient un réseau de proxénétisme ultra développé, qui leur servait de fond de commerce pour primo gagner de la tune, et deuxio nouer des liens avec les autres gangs, les bistrots du coin et parfois les flics.
L’histoire de la prostitution en France est relativement simple. Depuis le Moyen Age, la France a oscillé entre oppression et acceptation de la prostitution. Au moyen Age par exemple, la prostitution était acceptée et très organisée. Les maisons closes sont apparues, tirant leurs noms de leurs volets fermés en permanence. Seule une lumière rouge à l’extérieur indiquait si la boutique était ouverte. Les prostituées n’étaient absolument pas marginalisées et jouissaient d’un statut social assez cool.
C’était pas non plus de la CSP++ mais on tablait quand même sur un corps de métier respecté et reconnu. Pour te donner un exemple, un des vitraux de la cathédrale de Chartres a été offert par une corporation de prostitués.
Après, il y avait quand même deux, trois règles à respecter pour que ca se passe dans de bonnes conditions. Les prostituées n’avaient, par exemple, pas le droit de racoler hors des zones disposer à l’usage…
Enfin, t’inquiètes que même le plus gros demeuré de l’époque les auraient trouvées sans problème vu le nom des rues où elles taffaient : Rue du Poil-au-con, rue Trace-Putain, etc… Deuxième règle : Obligation de porter une tenue spécifique pour ne pas les confondre avec des femmes pas du tout là pour ça. En l’occurrence elles se devaient de porter une ceinture dorée.
Ce serait d’ailleurs pas mal de revenir à ce concept aujourd’hui, pour éviter de demander les tarifs à une mère de famille qui a juste oublié ses clés en bas de chez elle vers Réaumur-Sébastopol.
Tranquillement on arrive à la période du XIXème siècle, où là, on est rentre dans un vrai délire. Libération des mœurs, conséquences des Lumières, blablabla… C’est l’orgie.
Les prostituées sont totalement acceptées, et elles doivent même aller s’enregistrer à la préfecture, puis s’inscrire dans une maison close pour facilité l’orga interne. Bon, après, je te cache pas que pour elles, c’est pas le grand luxe non plus. Elles sont officiellement considérées comme “sous-citoyenne“, et sont soumises a un règlement qui varie selon la corruption du flic qu’elles ont en face d’elles.
Fin XIXème, début XXème : RUPTURE. Virage à 180°. Retournement psychologique de l’article : la prostitution est abolie. Oui, oui, abolie par un mouvement qui se dit d’ailleurs abolitionniste et qui invoque la traite d’êtres humains… Ce qui mène inexorablement à la fermeture officielle des maisons closes en 1925.
Problème, la seconde guerre mondiale arrive et, sous l’occupation allemande, le mouvement abolitionniste a pris la décision d’ouvrir, un chouilla moins, sa gueule, car le nazi apprécie plutôt bien la compagnie de prostituées.
Apparaît alors le fameux phénomène de la rigueur allemande, dit toi quand même qu’ils avaient classés et répertoriés toutes les maisons closes, y effectuant des contrôles sanitaires récurrents et en en réservant certaines pour les officiers et d’autres pour les simple soldats. Objectif : Zéro contagion sanitaire.
La fin de la guerre arrive et tout le monde s’attend à un retour de l’abolitionnisme de je sais pas quoi, et bah pas du tout ! C’est là que l’expression comme en 40 prend tout son sens. La France devient un immense bordel où Américains comme Français vivent mains dans la mains, au cœur du temple du sexe tarifé.
Puis c’est lentement la descente aux enfers de la prostitution tolérée. Les lois pleuvent comme des petites gouttes sur ta fenêtre lors d’une nuit orageuse, et la lutte contre le proxénétisme avance, innarêtable, broyant tout sur son passage.
Depuis les années 2000, plusieurs mouvements sont néanmoins apparus pour défendre la profession de prostituée. La “pute pride“, qui défile chaque année depuis 2006, ou encore le Syndicat du Travail sexuel (le STRASS).
En 2013, un manifeste est signé par de nombreuses célébrités : le manifeste des 343 salauds. Ce texte, surnommé entre amis : “Touche Pas à Ma Pute“, refuse le projet de vote de pénalisation du client. Il met en avant une volonté, non pas de défendre la prostitution, mais de défendre la liberté de l’individu et critique l’aberration de normaliser la sexualité par des lois. Cependant, l’auteur du texte souligne la nécessité, par la puissance publique, d’une lutte acharnée contre les réseaux et les maquereaux.
]]>Les rues de Paris étaient pendant des siècles le royaume des petits métiers, tous aussi farfelus les uns que les autres...
Au début du XXème siècle, ces petits métiers contribuent à la vie de la capitale, les marchands crient et se déchainent pour attirer le client. Les rues étaient remplies de milliers de professions différentes.
Hors du système et contre la société, l'Apache, lui, n'aimait pas travailler. Il préférait voler.
Zoom sur ces métiers que les gangsters parisiens ne daignaient exercer.
Les marchands de saisons.
A cette époque, On compte 6000 marchands de quatre-saisons contrôlés par la police, ces marchands (ou marchandes) ambulants vendent à leur clientèle des légumes et des fruits du moment.
Ils possèdent une énorme charrette qui stationne sur une place du quartier ou tout simplement sur la route.
Les crieurs
Cireurs, charbonniers et égoutiers se battaient pour avoir les clients, c'est à celui qui criera le plus fort ! Les égoutiers travaillaient en équipe, ils assuraient le nettoyage des galeries et les réparaient.
Les fleuristes et les vendeurs de papiers portaient des énormes boîtes où se trouvaient leurs marchandises. La plupart des fleuristes ambulants étaient des femmes, elles portaient d'énorme hottes ou paniers dans lesquels les couleurs des fleurs s'entremêlaient.
Parallèlement, tôt le matin les crieurs de la presse envahissaient les pavés en annonçant à tue-tête les grands titres de la dernière édition. Un gros paquet de journaux sous le bras, ils arpentaient Paris pour répandre les nouvelles du jour.
Les métiers de la débrouille
Dans le Paris d'antan il existait un paquet de petits métiers de la débrouille.
On peut distinguer deux catégories de ces "petits métiers".
La première catégories est celle des métiers utiles, appelés aussi les métiers traditionnels ou les métiers du matin. Ce sont ceux qui consistent à vider les poubelles, rempailler les chaises, repasser les couteaux, tondre les chiens, livrer aux enfants les oublies, les plaisirs et les gaufres..
La deuxième catégorie, "les métiers inutiles", ils débarquent l'après-midi les bras remplies de babioles, qu'ils essayent de refourguer, ou exercent des métiers de décrotteur ou de cireur..
Les Bouquinistes
Les Quais de Seine étaient remplis de bouquinistes, qui accrochaient leurs boîtes de livres anciens sur les murs. Les passants s'arrêtaient pour discuter, et regarder les ouvrages.
Les chiffonniers
Enfin, les chiffonniers trainaient dans les rues de la capitale pour piquer dans les tas de déchets tout ce qui avait de la valeur. On les appelait "les piqueurs" ou les "coureurs", ils possédaient dans sa main droite un crochet et sur son dos une hotte. Croûtes de pains, vieux chiffon, plumes, ou vieilles ferrailles, les chiffonniers trainent et essaient de vendre ou d'échanger ce qu'ils peuvent.
Tout se traficote, tout se bidouille et tout se revend.
Entre le travail à l'usine et les métiers de décrotteurs, on a une petite idée de pourquoi les Apaches étaient allergiques au travail...
]]>En France, le début du XXème siècle est une période aussi trouble qu’une soupe Royco. La jeunesse désabusée se révolte, s’organise en bandes, et saupoudre la capitale de vols, violence et meurtres. Les 70 000 gangsters parisiens, sont rapidement venus à bout des forces de l’ordre. Les magistrats se perdent dans des débats pour savoir quelle peine appliquer pour venir à bout de ce fléau, mais il n’y a pas franchement plus de décisions notables que durant le quinquennat d’Hollande. La violence des apaches ne décroit pas, au contraire, et ce phénomène commence à se propager dans la France entière. Du Nord-Pas-de-Calais à Marseille, les apaches ont instauré la Terreur rouge.
Prenons l’exemple des Frères Pollet, dans le Nord. Aux alentours de 1900-1910, ils sont mieux connus sous le nom de Chauffeurs. C’était pas vraiment parce qu’ils avaient l’habitude de conduire des bagnoles. En réalité, ils avaient gagné ce surnom, grâce à leurs méthodes d’escroquerie : Ils brûlaient les pieds de leurs victimes au chalumeau pour leur faire dire où était caché leur magot. Vaste programme, n’est ce pas ?
Mais que faire quand, aller entre quatre murs, ne représente pour eux qu’un petit séjour balnéaire ; que faire quand, à Paris, passer par la prison de Fresnes n’apporte que titres de noblesse et respect ?
Les frères Pollet étaient réputés pour leurs cambriolages avec violence. En 1905, ils rouent de coups un vieil agriculteur qui avait eu le malheur de se réveiller au mauvais moment et avait surpris les braqueurs. En même temps, c’est con de sa part… Avec le climat de terreur de l’époque, valait mieux rester tranquillou dans sa chambre et attendre que ça passe. Bref, le vieux se réveille, se fait déboiter, et est laissé pour mort.
Après des procès à n’en plus finir, il a fallut attendre plusieurs années pour voir condamner les deux frères. Bon tu noteras que la sanction a permis d’être sur de ne plus les recroiser dans le coin : Tour de guillotine offert pour tout le monde. Dernier road trip en famille.
Mais la guillotine était une peine d’exception, et son utilisation restait très rare. Trop rare pour certains, à l’instar du journal Matin, qui est allé jusqu’à dénoncer le chômage de la machine : “La veuve dort depuis bien trop longtemps […], elle attend le fiancé de choix, promis à ses ardeurs. “
Comme des gosses le 25 décembre au matin, les magistrats trépignent d’impatience de pouvoir utiliser encore plus leur jouet, mais la découpe-gueule commence à être un peu trop vintage, un peu trop XVIIIème siècle, tu vois ?
Souvent copié, jamais égalé, le bagne reste la punition au rapport qualité-prix le plus fiable. Tu bazardais un apache là-bas pour quelques années et t’étais à peu près sûr que ce qui allait en revenir ne risquait plus de faire de cambriolages. Prenons l’affaire Casque d’Or, qui sera développée plus en détails dans un autre article… Enfin on verra… C’est vrai que ce serait bien… bon on verra. Bref, grosso merdo, il y avait deux chefs de gangs qui se battaient pour la même prostituée sur laquelle ils avaient flashé. Résultat, ils ont décidé de se taper sur la gueule et celui qui sortirait le moins abimé, gagnerait Casque D’or, la fameuse nana sexy aux boucles blondes. Les deux loustiques, Manda et Leca, se sont tapés dessus, et c’est Manda qui a finit transporté à l’hôpital, déboité. Presque inconscient, il murmura quand même qu’il voulait se venger de Leca. Un argousin entends ça ; comprend de qui il s’agit, et réussit à inculper Leca, et par la même occasion Manda. Bilan des courses, bagne pour Tic et Tac, avec huit piges pour Manda et perpèt’ pour Leca. Manda s’est fait tuer en revenant en France, Leca est mort là-bas.
Bref, les punitions étaient bien plus vénères qu’aujourd’hui, et les résultats commençaient à pointer le bout de leur nez, mais assez vite, les apaches ont eu le droit à un tout nouveau forfait rédemption : Enrôlement de force dans l’armée pour la guerre 14-18. Pendant quatre ans, des promos de p’tits gars sont partis là-bas, sans jamais revenir, éclaircissant dramatiquement les rangs des apaches.
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